À la voile...

À la voile...
Sur notre CS-22 au réservoir Taureau

mardi 27 juillet 2010

Oh la la la la! Ça va brasser!!!

24 juillet 2010

Une dépression approche rapidement et va apporter son lot de mauvais temps. Le centre dépressionnaire passera plus au nord de notre position mais le front froid affectera fortement notre région au cours des prochains jours. Des vents de 20 nœuds du sud laisseront subitement place à des vents de 30 nœuds du secteur ouest au passage du front froid. Progression tout à fait typique d’une forte dépression bien organisée. Ça va brasser dans le golfe mes amis!!! Et laissez-moi vous dire que je ne voudrais pas être là!!!


Pour l’instant, pas un cerf-volant ne vole. Les vagues sont absentes et les cirrus, signe avant-coureur du front chaud à venir, s’étirent langoureusement. Le calme avant la tempête qu’ils disent.






Nous sommes donc venus nous abriter à l’Île-d’Entrée pour la nuit, pendant que les vents du secteur sud devraient s’amplifier graduellement jusqu’à 20 nœuds avant demain matin. Nous en profitons pour visiter l’Île-d’Entrée aujourd’hui avant d’aller se réfugier à Havre-Aubert demain et, direction Cap-aux-Meules lundi jusqu’à ce que Judith nous quitte mardi matin. Chantal et moi irons probablement mouiller au havre de Grande-Entrée pour quelques jours ensuite. Les vents de 25-30 nœuds devraient être au rendez-vous mais, protégés derrière les îles et leurs dunes de sable blanc ne permettant pas aux vagues de se former, la mer devrait être relativement calme. Ça c’est la théorie, nous verrons l’état de la mer lorsque nous serons prêts à appareiller mardi ou mercredi. C’est ça vivre au rythme de la nature…

Pour revenir à l’Île-d’Entrée, Chantal et moi l’avons visité il y a 22 ans lorsque Geneviève, ma plus vieille, n’avait que quelques mois dans le ventre de sa mère. Quant à Judith, en cinq voyages aux îles, elle n’y a jamais mis les pieds. Il faut dire, qu’accessible par traversier piétonnier seulement, cette minuscule communauté anglophone de 85 âmes, ne se laisse pas découvrir aisément.


Un premier choc en contournant l’enrochement c’est la quantité de bateaux de tous genres amarrés à l’épaule; voiliers, cruisers et bateaux de pêche en plus d’une dizaine de zodiacs tirés sur la plage de galets. L’espace pour manœuvrer n’en est que plus restreint. Le seul quai pouvant accueillir les visiteurs est plein à craquer de « touristes » francophones buvant leur bière et jacassant fort. Deuxième choc, le nombre de marcheurs partout sur l’île. Il y a plus de touristes en ce beau samedi après-midi qu’il y a de résidents sur l’île!!! Et ce n’est pas une blague. Troisième choc, le nombre d’automobiles. Je me souviens qu’il y a 22 ans, un seul « pickup » noir, sans plaque d’immatriculation et dont le pare-chocs arrière était retenu avec de la broche, roulait à travers les rues à peine carrossables de l’île en plus d’une multitude de véhicules tout-terrain à trois roues conduits à vive allure par des adolescents et même des enfants. Aujourd’hui, il y a toujours les immanquables « pickup » mais aussi plusieurs voitures en excellent état. Tous ces véhicules sont maintenant immatriculés, soit du Québec, du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard ou de la Nouvelle-Écosse.


Nous attendons donc que la cohue s’estompe et que les touristes retournent à Cap-aux-Meules ou Havre-Aubert. Vers 18 :30 heure, après un souper rapide, nous quittons le port, maintenant pratiquement désert, à pied pour aller gravir la plus haute colline de l’île, adéquatement nommée Big Hill, haute de 174 mètres. Le sentier pour y accéder n’est pas bien balisé et c’est après quelques ballades à travers champs, où Judith et Chantal ont évidemment fait quelques arrêts pour cueillir des fraises et ainsi ralentir notre progression d’autant, et un passage à travers une clôture électrifiée ornée de barbelés, que nous atteignons enfin la base. L’ascension débute avec une pente relativement douce mais s’accentuant rapidement pour atteindre près de 45 degrés jusqu’au sommet. C’est au beau milieu de ce dénivelé que Judith, à la recherche de son deuxième ou troisième souffle, l’a rebaptisé « Damn Big Hill ». Mais quelle magnifique vue s’offre à nous une fois le sommet atteint ; d’un côté le chapelet complet des îles reliées entre elles par leur dunes de sable, de l’autre, distante d’une cinquantaine de milles, la partie nord-ouest de l’île du Cap-Breton. Après s’en être mis plein la vue, nous amorçons notre descente avec les rayons orangés du soleil couchant. Nous suivrons le sentier menant vers le dispensaire et éviteront ainsi les fils barbelés menaçants. Quoiqu’un petit pont enjambant cette même clôture ne nous rassure guère. Il y est écrit : Traversez à vos propres risques. Il a donc fallu que je démontre sa totale solidité avant que ces dames trouvent assez de courage pour s’y aventurer. À peine plus loin, la lune nous gratifie de son lever spectaculaire, couronnant ainsi une journée inoubliable.

Nous sommes de retour au bateau depuis quelques minutes à peine que l’éolienne décolle à vive allure pour la première fois de la journée. Le voilier commence à tirer sur ses amarres, les planches de quai font entendre leurs premiers gémissements. Il en sera ainsi pour le reste de la nuit. Telle qu’annoncée, voici donc la grande sarabande météo qui débute…

Robert

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