À la voile...

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Sur notre CS-22 au réservoir Taureau

samedi 17 juillet 2010

Les vents tiens-ben-ta-tuque, vous connaissez???


15 juillet 2010

J’ai sommairement entendu parlé de le théorie concernant ces vents pour la première fois il y a une dizaine d’années. Pierre, mon professeur pour mon brevet de pilote pour petites embarcations à l’Institut Maritime du Québec, nous avait parlé d’une de ses nuits amarré à un corps-mort dans la Baie Éternité au Saguenay. Il n’avait apparemment pas fermé l’œil de la nuit tellement le vent l’avait inquiété.


Nous n’avions encore jamais rencontré le phénomène avant la nuit dernière… Amarré à un ponton dans la petite municipalité gaspésienne de Rivière-Madeleine, nous dormions d’un sommeil profond quand soudainement, un grondement sourd nous réveille brusquement et le vent se met à hurler sinistrement dans les haubans. Ça nous prend un certain temps avant de réaliser ou nous sommes et qu’est-ce que nous y faisons. Le voilier se met à tirer brusquement sur ses amarres car nous sommes pratiquement en travers de la direction dominante des vents. L’éolienne fait des siennes et augmente sa vitesse de rotation comme prise de panique. Complètement réveillé maintenant, j’explique à Chantal de ne pas s’inquiéter et qu’il s’agit simplement de vents katabatiques nocturnes dévalant la vallée. Nous sommes bien attachés, du moins je l’espère, et nous pouvons retrouver les bras de Morphée.

Au petit matin, lorsque je demande à ma tendre moitié comment s’est passé sa nuit, elle me dit qu’elle n’a pas bien dormi du tout et me demande c’est quoi des vents kabatatiques!!! Voilà ce qui a donné naissance à mon petit jeu de mots. Je crois que durant ma petite explication nocturen, elle n’était pas aussi bien réveillée que moi…

Rivière-Madeleine est une petite localité nichée au fond d’une petite anse écrasée par le relief montagneux l’emprisonnant en bord de mer. La difficulté majeure d’y accéder par bateau réside dans le fait que le service hydrographique du Canada l’a tout simplement oublié dans ses cartes nautiques. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le seul document légal valide pour naviguer en eaux canadiennes n’en fait aucune mention. Rien, niet, nada, nothing. J’ajouterais même que les profondeurs d’eau de l’anse y menant sont totalement erronées. Tellement qu’une fois le voilier confortablement amarré au ponton, mon lecteur de cartes avec GPS intégré, basé sur les documents officiels canadiens, me place sur la terre ferme!!! Pourtant, l’accueil est chaleureux, les installations, quoique restreintes à une vingtaine de bateaux, sont remarquablement bien aménagées; pour la sécurité des bateaux, un enrochement faisant office de brise-lames protège bien le bassin, un alignement permet de bien demeurer dans le lit du chenal. Une cantine ou on sert une poutine meilleure qu’à Shawinigan est à deux pas, des douches, toilettes, une buanderie sont aussi accessibles 24 heures sur 24 sans avoir recours à une clé. Ici, on fait confiance aux gens...


Le seul café-Internet de la place est situé au phare à environ 5 km. À Rivière-Madeleine oubliez la connexion Wi-Fi directement du voilier! Nous enfourchons donc nos vélos, ou devrais-je dire les vélos pliables prêtés par Judith, et pédalons jusqu’au phare avec ordinateur portable et antenne afin de tenter d’utiliser les ondes de quelques routeurs sans-fil du voisinage. Oubliez ça aussi et on comprend vite pourquoi quand on demande d’utiliser les services du café-Internet. Ils sont sur modem 9600 bds!!! Rien que d’afficher la page d’accueil de Vidéotron pour récupérer nos courriels a pris plus de 5 minutes… La propriétaire de la boutique nous dit que le seul fournisseur Internet de la région, Telus pour ne pas le nommer, demande $1500 pour 2 mois pour Internet haute vitesse. Elle a évidemment refusé leurs services. Nous étions entièrement d’accord avec sa décision et nous sommes contentés de lire nos courriels rapidement. C’est aussi ça le Québec des régions éloignées.


Avant Rivière-Madeleine, nous avions fait escale à Ste-Anne-des-Monts ou Sylvain Gaumond, le pirate tatoué responsable du bassin, nous a souhaité la bienvenue avec beaucoup d’enthousiasme. Une charmante escale, courte certes, mais ou on sent vraiment le pouls de cette Gaspésie tant rêvée. Le soir venu, parade le tout Ste-Anne sur le quai public. C’est le meilleur endroit que ces villageois ont trouvé pour recréer les congestions automobiles et piétonnières des grandes villes. Difficile de croire qu’il y a tant d’habitants à Ste-Anne. En fait, on revoit les mêmes voitures, les mêmes motos défiler plusieurs fois au cours de la soirée. Certains viennent taquiner le poisson en sirotant leur bière, beaucoup demeurant assis dans leur char les vitres baissées discutent avec leurs voisins immédiats en brûlant leur cigarette, mais la plupart ne font que se revirer au bout du grand quai, retournent ensuite sur la rue principale du village et reviennent inlassablement au bout du quai.


La journée précédente, nous avions quitté Matane dans un épais brouillard avec les promesses des météorologues que le temps allait se déboucher en avant-midi. Promesses tenues et la merveilleuse côte gaspésienne se dévoile finalement à nous un peu après Cap-Chat. Un goéland argenté joue à un drôle de jeu avec nous. J’imagine qu’il attendait quelque pitance qui n’est jamais venu mais toujours est-il qu’il se pose sur l’eau environ 30 mètres devant un peu sur notre tribord avant, se laisse dépasser de 200-250 mètres, décolle, vient amerrir devant comme précédemment et répète inlassablement ce manège des heures durant. Je crois que j’aurais pu me faire un nouvel ami si j’avais eu quelques frites à bord. Notre entrée à Ste-Anne-des-Monts a été grandement facilité par la magnifique église à deux clochers comme amer remarquable à partir du large. Chantal en a profité pour faire sa première entrée en port de mer à la barre. Au fait, c’est aussi elle qui en a fait la sortie le lendemain.






Signe que nous avons atteint la mer, ce sont ces escadrons de fous de Bassan volant en formation serrée de quatre à cinq. Les premiers ont été rencontrés un peu avant Matane, leurs piqués et les gerbes d’eau avaient trahi leur présence. Entre Ste-Anne-des-Monts et Rivière-Madeleine, nombre de marsouins ont été observés ainsi que plusieurs petits rorquals. Chantal croit même avoir vu un grand rorqual bleu ou une baleine à bosse durant mon petit roupillon. Des marmettes ou des petits pingouins commencent aussi à faire leur apparition.

Depuis plusieurs jours, notre progression le long de la côte ne peut se faire qu’à moteur. Toc-e-toc-e-toc-e-toc-e-toc-e-toc-e-toc-e, vous vous souvenez? Les faibles vents du secteur nord-est laissent une mer d’huile. Le seul autre choix que nous aurions serait la dérive passive vers le détroit d’Honguedo. Avec une vitesse d’environ 1 nœud, soit 24 milles par jour, ce n’est certainement pas une alternative viable. Et, avec la confirmation d’une première invitée de marque à bord dès lundi prochain à Gaspé, on doit faire de la route. Nous attendrons ensuite notre fenêtre météo pour la grande traversée vers les Îles.

Robert


N.B. Je dois mentionner que pendant que le capitaine faisait une sieste, en route vers Rivière-Madeleine, j’ai vu 2 énormes baleines, nageant côte à côte en longeant le bateau, de la poupe à la proue, à une distance d’environ 20 pieds!! J’ai été figée par la magnificence de cette apparition… C’est seulement après qu’elles m’aient fait 2 ou 3 clins d’œil que j’ai réagit en cognant sur la coque pour réveiller le capitaine. J’ai pensé que ça valait la peine de le déranger! Mais il m’a fallu frapper plusieurs fois avant qu’il ne m’entende, trop tard… Dommage qu’il ait manqué ça!!! J’en suis encore toute ébahie! C’était quèque chose!... comme dirait Daniel!

Chantal

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