À la voile...

À la voile...
Sur notre CS-22 au réservoir Taureau

mardi 27 juillet 2010

Cap-aux-Meules



27 juillet 2010

Nous sommes finalement arrivés à Cap-aux-Meules dimanche après-midi. La forte dépression dont je vous parle depuis quelques jours n'aura pas causé les vents de 30 noeuds prévus. Ils furent assez forts certes, mais ils ne nous ont pas empêchés d'atteindre Cap-aux-Meules à la voile. Et, à l'abri de la houle, ce fût somme toute une navigation assez facile même si on avançait au près serré.


Nous avons profité de notre dernière journée avec Judith hier pour refaire la cambuse du bord et nous rendre à La Factrie, restaurant et usine de transformation de poissons, mollusques et crustacés. Nous y avons acheté des filets de turbot frais pour notre dernier souper ensemble. Un souper d'amitié dont nous nous souviendrons pour le reste de nos jours.


Après une autre petite marche dans la cour des bateaux oubliés, nous revenons à notre voilier amarré à couple d'un bateau de pêche, le Manon Yvon. Il faut vous dire que, n'ayant pu trouver de place à la marina, le maître de port nous a assigné cette place dans le bassin des navires commerciaux nous assurant que ces crabiers ne sortiraient pas pour un bon bout de temps. Probablement pas avant le 4 août, seule journée annuelle pour la pêche au flétan autour des îles.

Une fois arrivés, nous y retrouvons un petit groupe de pêcheurs brûlant cigarettes sur cigarettes, buvant leur café Tim Hortons et bouëttant leurs nombreux hameçons avec des vers ou du maquereau salé. Normand Vigneault, un résidant de l'Étang-du-Nord, m'explique comment procéder pour attirer maquereaux et éperlans. J'ai conversé avec les membres de ce sympatique groupe pendant près de deux heures et je les ai vus sortir plus de tanches que quoi que ce soit d'autres. Je crois qu'on n'apprécie pas vraiment les tanches par ici! Elles ont toutes terminé leur vie dans l'estomac des nombreux goélands attirés sur place après avoir été assommées sur les coques d'acier!


Demain, je m'achète des vers et je bouëtte ma parche pour pêcher le maquereau et l'éperlan. Je ne me coucherai pas de bonne heure car Judith et moi les avons entendus jaser jusqu'à tard dans la nuit. Mais qu'importe, nous aurons du poisson frais gratuit.

Dès que la météo est propice, Chantal et moi irons probablement mouiller une couple de jours dans la baie de Grande-Entrée. Oubliez l'accès Internet pendant ce temps car nous serons parmi les oiseaux et la nature sauvage. Nous referons ensuite escale à Cap-aux-Meules pour récupérer des filtres à l'huile pour le moteur du voilier. par la suite, ce sera probablement le début du long retour vers la maison. L'Île-du-Cap-Breton et son lac attendrons une autre saison. Nous préférons apprécier pleinement ces îles de vent et de soleil.

À bientôt,

Robert


À l'abri à Havre-Aubert

25 juillet 2010

Ce matin, il vente à « écorner les beuh ». Au sortir du port de l’Île-d’Entrée, les vagues se fracassent sur l’enrochement bouillonnant d’écume. Une grande houle de travers nous cueille dans le chenal mais elle ne durera qu’une quinzaine de minutes, le temps que nous retrouvions l’abri de Sandy Hook, cette longue dune qui protége le grand bassin de plaisance.

Nous hissons les voiles réduites par un vent de 20-25 nœuds et parcourons les douze milles requis pour atteindre Havre-Aubert en peu de temps. Pas un seul voilier en vue, tous des poltrons! Nous atteignons notre destination en tirant deux bords. On démarre le moteur, on rentre la toile et on embouque le long chenal menant à la zone de mouillage. Nous devrons mouiller l’ancre aujourd’hui car aucune place n’est disponible à cette marina. Nous devrons nous reprendre par trois fois avant que finalement l’ancre croche bien. Il aura fallu prendre la Bruce pour réussir, la Delta dérapant allégrement dès que la touée du moteur en marche arrière atteignait environ 1500 tours. Aucune chance à prendre avec les vents actuels et ceux, plus violents, annoncés pour la nuit et demain.

Une fois le voilier paré, le pont lavé et le dîner avalé, nous préparons l’annexe qui est renversé sur le pont arrière et maintenue ainsi par des cordages depuis l’Anse-à-Beaufils. Elle nous permettra d’aller fouiner sur la grave malgré le léger crachin désagréable qui tombe depuis peu de temps. Judith et Chantal auront enfin leur pot-en-pot et moi, mon « fish&chips ». Nous en profiterons aussi pour nous brancher à Internet, question de prendre nos couriels et afficher un nouveau message sur le blog.

Demain, direction Cap-aux-Meules…

Robert

Oh la la la la! Ça va brasser!!!

24 juillet 2010

Une dépression approche rapidement et va apporter son lot de mauvais temps. Le centre dépressionnaire passera plus au nord de notre position mais le front froid affectera fortement notre région au cours des prochains jours. Des vents de 20 nœuds du sud laisseront subitement place à des vents de 30 nœuds du secteur ouest au passage du front froid. Progression tout à fait typique d’une forte dépression bien organisée. Ça va brasser dans le golfe mes amis!!! Et laissez-moi vous dire que je ne voudrais pas être là!!!


Pour l’instant, pas un cerf-volant ne vole. Les vagues sont absentes et les cirrus, signe avant-coureur du front chaud à venir, s’étirent langoureusement. Le calme avant la tempête qu’ils disent.






Nous sommes donc venus nous abriter à l’Île-d’Entrée pour la nuit, pendant que les vents du secteur sud devraient s’amplifier graduellement jusqu’à 20 nœuds avant demain matin. Nous en profitons pour visiter l’Île-d’Entrée aujourd’hui avant d’aller se réfugier à Havre-Aubert demain et, direction Cap-aux-Meules lundi jusqu’à ce que Judith nous quitte mardi matin. Chantal et moi irons probablement mouiller au havre de Grande-Entrée pour quelques jours ensuite. Les vents de 25-30 nœuds devraient être au rendez-vous mais, protégés derrière les îles et leurs dunes de sable blanc ne permettant pas aux vagues de se former, la mer devrait être relativement calme. Ça c’est la théorie, nous verrons l’état de la mer lorsque nous serons prêts à appareiller mardi ou mercredi. C’est ça vivre au rythme de la nature…

Pour revenir à l’Île-d’Entrée, Chantal et moi l’avons visité il y a 22 ans lorsque Geneviève, ma plus vieille, n’avait que quelques mois dans le ventre de sa mère. Quant à Judith, en cinq voyages aux îles, elle n’y a jamais mis les pieds. Il faut dire, qu’accessible par traversier piétonnier seulement, cette minuscule communauté anglophone de 85 âmes, ne se laisse pas découvrir aisément.


Un premier choc en contournant l’enrochement c’est la quantité de bateaux de tous genres amarrés à l’épaule; voiliers, cruisers et bateaux de pêche en plus d’une dizaine de zodiacs tirés sur la plage de galets. L’espace pour manœuvrer n’en est que plus restreint. Le seul quai pouvant accueillir les visiteurs est plein à craquer de « touristes » francophones buvant leur bière et jacassant fort. Deuxième choc, le nombre de marcheurs partout sur l’île. Il y a plus de touristes en ce beau samedi après-midi qu’il y a de résidents sur l’île!!! Et ce n’est pas une blague. Troisième choc, le nombre d’automobiles. Je me souviens qu’il y a 22 ans, un seul « pickup » noir, sans plaque d’immatriculation et dont le pare-chocs arrière était retenu avec de la broche, roulait à travers les rues à peine carrossables de l’île en plus d’une multitude de véhicules tout-terrain à trois roues conduits à vive allure par des adolescents et même des enfants. Aujourd’hui, il y a toujours les immanquables « pickup » mais aussi plusieurs voitures en excellent état. Tous ces véhicules sont maintenant immatriculés, soit du Québec, du Nouveau-Brunswick, de l’Île-du-Prince-Édouard ou de la Nouvelle-Écosse.


Nous attendons donc que la cohue s’estompe et que les touristes retournent à Cap-aux-Meules ou Havre-Aubert. Vers 18 :30 heure, après un souper rapide, nous quittons le port, maintenant pratiquement désert, à pied pour aller gravir la plus haute colline de l’île, adéquatement nommée Big Hill, haute de 174 mètres. Le sentier pour y accéder n’est pas bien balisé et c’est après quelques ballades à travers champs, où Judith et Chantal ont évidemment fait quelques arrêts pour cueillir des fraises et ainsi ralentir notre progression d’autant, et un passage à travers une clôture électrifiée ornée de barbelés, que nous atteignons enfin la base. L’ascension débute avec une pente relativement douce mais s’accentuant rapidement pour atteindre près de 45 degrés jusqu’au sommet. C’est au beau milieu de ce dénivelé que Judith, à la recherche de son deuxième ou troisième souffle, l’a rebaptisé « Damn Big Hill ». Mais quelle magnifique vue s’offre à nous une fois le sommet atteint ; d’un côté le chapelet complet des îles reliées entre elles par leur dunes de sable, de l’autre, distante d’une cinquantaine de milles, la partie nord-ouest de l’île du Cap-Breton. Après s’en être mis plein la vue, nous amorçons notre descente avec les rayons orangés du soleil couchant. Nous suivrons le sentier menant vers le dispensaire et éviteront ainsi les fils barbelés menaçants. Quoiqu’un petit pont enjambant cette même clôture ne nous rassure guère. Il y est écrit : Traversez à vos propres risques. Il a donc fallu que je démontre sa totale solidité avant que ces dames trouvent assez de courage pour s’y aventurer. À peine plus loin, la lune nous gratifie de son lever spectaculaire, couronnant ainsi une journée inoubliable.

Nous sommes de retour au bateau depuis quelques minutes à peine que l’éolienne décolle à vive allure pour la première fois de la journée. Le voilier commence à tirer sur ses amarres, les planches de quai font entendre leurs premiers gémissements. Il en sera ainsi pour le reste de la nuit. Telle qu’annoncée, voici donc la grande sarabande météo qui débute…

Robert

dimanche 25 juillet 2010

Bienvenue aux îles


24 juillet 2010

Après une excellente nuit de sommeil à couple d’un voilier-école avec sept personnes à bord, nous venons d’appareiller pour une nouvelle escale. Nous sommes présentement en navigation entre l’Étang-du-Nord et l'Île-d'Entrée. Le moteur ronronne, la mer est placide, le ciel est bleu strié de quelques longs cirrus, le soleil tape, une vague odeur de crème solaire plane et il fait bon sur l’eau.


Nous sommes arrivés au port de l’Étang-du-Nord vendredi à midi après une traversée de 24 heures. Nous avions quitté l’Anse-à-Beaufils en Gaspésie jeudi à 11 :00 heure. Le temps de s’éloigner un peu de la côte, un vent d’est d’une quinzaine de noeuds nous happe et c’est au près serré que nous voyons la côte graduellement disparaître derrière nous. Tel que prévu, le vent faiblit un peu et s’établit ensuite au nord-est pour plusieurs heures. Nous en profitons pour relâcher les ris et choquer un peu les voiles pour faire un près bon plein et du petit largue avec une houle du sud-est d’environ un mètre. Vers 22 heures, durant le quart de Judith, le vent vire brusquement au nord et nous nous retrouvons maintenant avec un grand largue, bâbord amures jusqu’à mon quart, où, en l’espace de quinze minutes vers 1 :00 heure du matin, je dois établir les voiles en ciseaux, plein vent arrière d’environ 7-8 noeuds. Au courant de la journée, nous sommes donc passé par toutes les allures. Cependant, la houle a aussi suivi le vent, quoiqu’un peu à retardement, et elle nous arrive maintenant confortablement sur l’arrière aussi.

Avec le lever du soleil, le vent forcit jusqu’à 20 nœuds et les milles déboulent rapidement. Épuisés, étendus dans notre lit, Chantal et moi entendons le voilier gémir, le bois craquer, le fibre de verre chuinter à chaque vague successive qui nous soulève et nous dépose dans le creux de la suivante. Amplifié par la caisse de résonance de notre chambre arrière, ces bruits incessants nous tiennent éveillés. Le voilier dérape de plus en plus fréquemment, poussé par une houle prenant de l’ampleur. Lorsque je sors la tête par l’écoutille Judith est assise derrière la barre, bien adossée sur le dinghy renversé sur le pont arrière, chantant avec les Cowboys Fringants, une tasse de café chaud à la main. La mer moutonne de toute part et, après avoir enlevé ses écouteurs de baladeur, Judith me lance : « Wouhou! Ça ressemble à ça les alizés!». Moi qui pensait devoir prendre un ris pour soulager un peu le bateau…




Avec ce vent, nous tenons une moyenne d’environ 6.5 nœuds sur le fond. Soudainement, comme il l’a fait la veille mais dans une direction opposée, le vent vire à nouveau au NNE et c’est au travers que nous entrerons aux îles qui apparaissent à environ 15 milles de distance. La vitesse augmente légèrement et nous faisons des pointes au-delà de 7.5 nœuds avant que le vent diminue et se stabilise entre 12 et 13 nœuds. La mer diminue et les moutons disparaissent. Ce sera une arrivée majestueuse à notre première escale aux îles. Rien ne pourra jamais effacer la réalisation de ce rêve longtemps imaginé. Un moment tout simplement magique.

Nous ressentons une communion entre le Lady Marianne et nous. Un lien de confiance et un esprit de connivence s’établissent. De nouveaux horizons apparaissent imperceptiblement. Nous venons tous d’obtenir une promotion pleinement méritée. Profitons maintenant pleinement du climat des îles pour vibrer comme tous ces insulaires aux accents chantants et apprécions humblement le moment présent.

Robert

vendredi 23 juillet 2010

Bienvenue aux îles!!!

Nous sommes arrivés à l'Étang-du-Nord à midi aujourd'hui après 24 heurs d'une navigation sans histoires. Très belle traversée presqu'exclusivement réalisée sous voiles. Toutes les allures y ont passé. Plus de détails à venir dans notre prochain message.

À bientôt,

Robert

mardi 20 juillet 2010

Judith mène une bonne vie...



20 juillet 2010

À son arrivée hier, après 19 heures de train depuis Montréal, ma copine Judith n’avait pas la fraîcheur d’une rose. Cela n’avait en rien affecté sa bonne humeur contagieuse, il faut cependant le dire. Dès son débarquement, une fois les bises d’usage échangées, nous mettons le cap sur la cantine de la marina et avalons un club sandwich. Une fois rassasiée, ses pétales se sont légèrement retroussés. Mais c’est une fois sa douche prise qu’elle apparaît finalement dans toute sa splendeur!

Nous nous rendons ensuite au voilier en dinghy pour qu’elle puisse prendre possession de ses appartements et s’installer confortablement pour la prochaine semaine. Les fajitas au poulet nous ont ensuite fournis suffisamment d’énergie pour nous donner le goût d’une petite promenade sur la Main de Gaspé. Couchés vers 22 :30 heure, nous devons appareiller pour l’Anse-à-Beaufils le lendemain matin.


Une fois les messages vérifiés, la météo de la journée prise, les dernières vérifications d’usage avant l’appareillage effectuées, nous larguons l’amarre nous retenant à notre corps-mort vers 8 :00 par ce beau mardi matin ensoleillé. La pluie de la nuit dernière a laissé place à un ciel d’un bleu vibrant sans nuages. Très peu de vent au départ, nous parons la pointe Sandy Beach au moteur et profitons ensuite d’une légère brise de terre portante pour hisser les voiles. Mais ce n’est que vers 10 :30 heure que le plaisir ultime commence. Le vent augmente à 15 nœuds et c’est au près serré que nous devrons sortir de la profonde baie de Gaspé. Quatre tacks sont nécessaires pour nous en extraire. Toujours au près serré, à partir du phare La Vieille, nous mettons le cap sur l’ïle Bonaventure par un vent ayant maintenant faibli à une dizaine de nœuds. Après avoir enfilé une p’tite laine, chacun s’installe dans sa routine de croisière; les deux femmes lisent pendant que je prends des photos et tape mon texte à l’ordinateur.


Tout à coup, Judith aperçoit le boutte! Le boutte du boutte avec son trou, qu’elle s’écrie!!! Comme elle est la première à l’avoir aperçu, je lui laisse l’honneur et le privilège de photographier cet instant unique de faire de la voile en Gaspésie. Le rocher Percé vient de faire son apparition remarquée juste derrière la pointe. Une fois l’île Plate et la pointe St-Pierre laissées sur tribord, c’est au près bon plein que nous mettons le cap sur l’amer le plus convoité de cette côte. Notre désir est de passer entre l’île Bonaventure et le fameux rocher avant de continuer notre route jusqu’à l’Anse-à-Beaufils, notre escale pour ce soir.




Je croyais bien l'histoire terminée mais là où se gâte… Figurez-vous donc que Judith, souffrant d’un manque d’attention chronique, s’est organisée pour s’implanter une vis dans la cuisse en marchant paisiblement le long d’un joli petit sentier fleuri... Ne regardant pas où elle marchait, un potteau s’est malicieusement jeté sur elle et a injecté son venin dans le gras de sa cuisse. Alors, le capitaine-psychologue-docteur-navigateur-et-j’en-passe a dû sortir sa trousse de premiers soins et sa bouteille de rhum, ou l’inverse, je ne me souviens plus très bien. Nous croyons quand même qu’elle survivra au moins jusqu’au Îles-de-la-Madeleine.

Histoire à suivre…

Robert

dimanche 18 juillet 2010

Ballade dans la baie de Gaspé

18 juillet

Il y a quelques années, si quelqu’un m’avait dit qu’un jour je voguerais dans la magnifique baie de Gaspé sur mon propre voilier de 36 pieds que j’aurais mené ici, je lui aurais tout simplement rit au visage. Jamais telle aventure ne m’aurait paru aussi invraisemblable.

C’est pourtant bien ce que Chantal et moi avons fait en ce beau dimanche après-midi ensoleillé. Nous dénouons l’amarre nous retenant encore au tangon à 14 :00 heure et par des vents d’environ 12 nœuds, nous virons deux fois de bord avant de pouvoir passer les bouées de Sandy Beach et nous retrouver dans la grande baie de Gaspé. On tire ensuite quelques bords pour nous retrouver près de la plage Haldimand, ou nous sommes venus en vélo hier, avant de rentrer par vents portants mais faiblissant à 5 nœuds rapidement une fois la batture dépassée. Une ballade de près de trois heures, juste pour le plaisir de naviguer.

Après s’être amarrés à nouveau et pendant que Chantal débute la préparation du souper, un apéro bien frais tout près d’elle, je dois m’atteler à la sérieuse tache d’effectuer mon changement d’huile à moteur. Une fois le carter vidé, je démonte le filtre à l’huile usé et me met à la recherche d’un neuf dans le compartiment de pièces de moteur. J’y trouve deux modèles de filtres à carburant, des thermostats, des courroies, une panoplie de pièces de rechange, mais aucune trace de filtres à l’huile. Il me semblait pourtant bien en avoir quelques uns. Il faut croire que j’ai oublié d’en commander la dernière fois. Comme quoi, même quand on tente de tout prévoir, certaines choses nous échappe. Il faudra tenter d’en trouver en ville demain matin en allant chercher Judith à la gare. Par la même occasion, j’apporterai mon transmetteur VHF à distance pour le faire vérifier au magasin d’électronique marine. Je suis capable d’émettre mais pas de recevoir. J’ai réussi à le faire fonctionner quelques secondes il y a environ une semaine mais depuis, plus rien. Je suis persuadé que c’est un problème de contact au haut-parleur.

Nous sommes allés faire une longue promenade en ville après le souper pour nous dégourdir les jambes et digérer un peu. Il y avait relativement peu de gens pour un dimanche soir splendide. Il faut croire que les travailleurs de la construction ne se sont pas donnés rendez-vous à Gaspé cette année. Si jamais quelqu’un d’entre vous passe par Gaspé et cherche un endroit pour la nuit, je vous conseille le motel Plante. Le panorama est vraiment spectaculaire. Nous ne nous sommes pas informé des prix cependant…

Robert

Maman, quand est-ce qu'on arrive?

Je me souviens quand on faisait des voyages en auto avec les filles et qu’elles commençaient à poser la fameuse question à peine étions-nous partis… Tous les livres et petits jeux apportés et inventés pour les occuper durant le trajet! J’imagine les navigateurs qui partent avec leurs enfants, comme le temps doit être long parfois… Pour notre part, au cours de ce voyage, nous n’avons que nous à penser et parfois je m’entends demander : Combien de temps encore?


Robert vous a déjà parlé du spectacle de nos visiteurs qui a agrémenté notre journée.
Mais durant les intermissions, que fait-on de ces longues journées à moteur quand il n’y a pas de vent? Et bien, chacun y va de ses occupations en commençant par le plus urgent. Une fois que le pilote automatique est installé, on y va avec le rangement, la vaisselle, petites réparations, petit ménage, petit lavage, petits travaux de couture, lecture de guides nautiques et touristiques, petite sieste parfois, préparation de textes ou de courriels sur le portable, petits dîners, petites collations (moi je grignote mes petits légumes ou fruits, pendant que Robert mange ses peanuts au BBQ. Chacun ses goûts!) Toutes ces petites activités doivent se faire en s’adaptant aux mouvements du bateau. Elles sont entrecoupées par la vigie, réflexions et rêvasseries, ou simplement ne rien faire par moments… mais aussi par la contemplation du paysage et de nos visiteurs petits et gros : goélands, fous, marmettes, guillemots, phoques, marsouins et baleines! Que voulez-vous, on prend ce qui passe… Les dauphins, ce sera pour des eaux plus chaudes, dans un autre temps, autres lieux… Mais je ne m’en plains pas!


En approchant de la pointe de Gaspé tantôt, on s’est fait légèrement brasser par des vagues croisées causées par l’arrivée de vents contraires. Alors là, bizarrement, j’ai essayé de m’imaginer ce que pouvaient subir les petits macaronis qui cuisent dans la marmite… Mais malgré de légers maux de cœur, j’ai pu admirer toute la magnificence du paysage du cap Gaspé! Une fois dans la baie de Gaspé, les bouillons ont diminué progressivement. Nous étions portés par la vague au lieu de l’affronter comme nous avons dû le faire la plupart du temps depuis une semaine. C’est tellement plus agréable ainsi!! Alors nous pouvons reprendre nos activités respectives. Après une quinzaine de minutes, nous décidons de monter les voiles et de profiter du vent portant même s’il n’est pas très fort. Enfin 45 minutes de calme pour nos oreilles. Un pur bonheur!!!

Après 13 heures de navigation, les petites averses cessent, le ciel se dégage partiellement droit devant et Gaspé se pare d’un magnifique coucher de soleil pour nous accueillir. Le ronron du moteur nous accompagne durant ce spectacle puisque le vent est tombé. Soudain, mon regard se tourne sur bâbord pour apercevoir un bel arc-en-ciel. On pourrait croire qu’un ange s’est joint à Dame Nature pour nous faire bon accueil…




Départ 7 :00, arrivée enfin à 20 :15. Gaspé nous attendait pour quelques jours de vraies vacances! Hourra!!! On mérite bien un premier souper au resto!


Chantal

Quand les baleines s'offrent en spectacle



16 juillet 2010

Ce matin, nous quittons Rivière-Madeleine pour Rivière-au-Renard ou Gaspé selon les humeurs de la mer et notre capacité d’encaisser, encore, une autre journée de moteur. Pour l’instant le temps est complètement calme, pas un pet de vent et l’engin tourne à 2500 rpm nous procurant une vitesse d’environ 6.5 nœuds. Ajoutée au courant, nous atteignons quelquefois des pointes de 8.0 nœuds par endroits.

Une fois le large rejoint, le ballet incessant des cétacés reprend. Nos yeux avides de ce spectacle grandiose scrutent l’horizon sans relâche. De petits marsouins, seuls ou par groupe de deux, croisent continuellement notre route. On peut observer les petits dos arrondis 2 ou 3 fois consécutives avant qu’ils ne disparaissent. Nous sommes rarement plus de 15 minutes avant d’en revoir d’autres. À un certain moment, par une chance inouïe, j’ai pu observer à une trentaine de mètres du voilier, tel un acrobate de cirque, un marsouin sautant complètement hors de l’eau, effectuant une vrille et retombant sur le côté dans une gerbe d’écume. Cet artiste de la voltige m’a tout simplement laissé bouche bée. Malheureusement, Chantal n’a pas été témoin de son trop court numéro.




Une première fois devant Grande-Vallée, au loin devant le voilier, nous avions pu observer une baleine à bosses ou un rorqual commun sortant ses nageoires hors de l’eau. Mais cette fois, juste en face de l’Anse-Valleau, une deuxième baleine répète son cirque. Celle-ci est beaucoup plus près et est probablement accompagnée d’un petit. S’amusant à faire de lentes vrilles dans l’eau et exposant ses nageoires à nos regards ébahis, elle répète ses arabesques à plusieurs reprises pendant que nous nous éloignons doucement, sous le charme.

À quelques mètres de là, deux autres baleines dont les robes sont beaucoup plus pâles viennent respirer en surface à plusieurs reprises. Je crois reconnaître des baleines franches. Je devrai définitivement me procurer un guide d’identification.

Rendus à Rivière-au-Renard à 13 :30 heure, nous décidons d’un commun accord de pousser jusqu’à Gaspé. La visite du village de Laurence Jalbert, une artiste authentique, sera pour une prochaine fois. Entre-temps, le vent se lève imperceptiblement. Évidemment, comme à son habitude depuis environ une semaine, nous l’aurons dans le nez pour le reste le la journée! Mais qu’importe, puisque ce soir nous dormirons à Gaspé et pourrons profiter d’une magnifique escale pour plusieurs jours consécutifs.

Robert

samedi 17 juillet 2010

Les vents tiens-ben-ta-tuque, vous connaissez???


15 juillet 2010

J’ai sommairement entendu parlé de le théorie concernant ces vents pour la première fois il y a une dizaine d’années. Pierre, mon professeur pour mon brevet de pilote pour petites embarcations à l’Institut Maritime du Québec, nous avait parlé d’une de ses nuits amarré à un corps-mort dans la Baie Éternité au Saguenay. Il n’avait apparemment pas fermé l’œil de la nuit tellement le vent l’avait inquiété.


Nous n’avions encore jamais rencontré le phénomène avant la nuit dernière… Amarré à un ponton dans la petite municipalité gaspésienne de Rivière-Madeleine, nous dormions d’un sommeil profond quand soudainement, un grondement sourd nous réveille brusquement et le vent se met à hurler sinistrement dans les haubans. Ça nous prend un certain temps avant de réaliser ou nous sommes et qu’est-ce que nous y faisons. Le voilier se met à tirer brusquement sur ses amarres car nous sommes pratiquement en travers de la direction dominante des vents. L’éolienne fait des siennes et augmente sa vitesse de rotation comme prise de panique. Complètement réveillé maintenant, j’explique à Chantal de ne pas s’inquiéter et qu’il s’agit simplement de vents katabatiques nocturnes dévalant la vallée. Nous sommes bien attachés, du moins je l’espère, et nous pouvons retrouver les bras de Morphée.

Au petit matin, lorsque je demande à ma tendre moitié comment s’est passé sa nuit, elle me dit qu’elle n’a pas bien dormi du tout et me demande c’est quoi des vents kabatatiques!!! Voilà ce qui a donné naissance à mon petit jeu de mots. Je crois que durant ma petite explication nocturen, elle n’était pas aussi bien réveillée que moi…

Rivière-Madeleine est une petite localité nichée au fond d’une petite anse écrasée par le relief montagneux l’emprisonnant en bord de mer. La difficulté majeure d’y accéder par bateau réside dans le fait que le service hydrographique du Canada l’a tout simplement oublié dans ses cartes nautiques. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le seul document légal valide pour naviguer en eaux canadiennes n’en fait aucune mention. Rien, niet, nada, nothing. J’ajouterais même que les profondeurs d’eau de l’anse y menant sont totalement erronées. Tellement qu’une fois le voilier confortablement amarré au ponton, mon lecteur de cartes avec GPS intégré, basé sur les documents officiels canadiens, me place sur la terre ferme!!! Pourtant, l’accueil est chaleureux, les installations, quoique restreintes à une vingtaine de bateaux, sont remarquablement bien aménagées; pour la sécurité des bateaux, un enrochement faisant office de brise-lames protège bien le bassin, un alignement permet de bien demeurer dans le lit du chenal. Une cantine ou on sert une poutine meilleure qu’à Shawinigan est à deux pas, des douches, toilettes, une buanderie sont aussi accessibles 24 heures sur 24 sans avoir recours à une clé. Ici, on fait confiance aux gens...


Le seul café-Internet de la place est situé au phare à environ 5 km. À Rivière-Madeleine oubliez la connexion Wi-Fi directement du voilier! Nous enfourchons donc nos vélos, ou devrais-je dire les vélos pliables prêtés par Judith, et pédalons jusqu’au phare avec ordinateur portable et antenne afin de tenter d’utiliser les ondes de quelques routeurs sans-fil du voisinage. Oubliez ça aussi et on comprend vite pourquoi quand on demande d’utiliser les services du café-Internet. Ils sont sur modem 9600 bds!!! Rien que d’afficher la page d’accueil de Vidéotron pour récupérer nos courriels a pris plus de 5 minutes… La propriétaire de la boutique nous dit que le seul fournisseur Internet de la région, Telus pour ne pas le nommer, demande $1500 pour 2 mois pour Internet haute vitesse. Elle a évidemment refusé leurs services. Nous étions entièrement d’accord avec sa décision et nous sommes contentés de lire nos courriels rapidement. C’est aussi ça le Québec des régions éloignées.


Avant Rivière-Madeleine, nous avions fait escale à Ste-Anne-des-Monts ou Sylvain Gaumond, le pirate tatoué responsable du bassin, nous a souhaité la bienvenue avec beaucoup d’enthousiasme. Une charmante escale, courte certes, mais ou on sent vraiment le pouls de cette Gaspésie tant rêvée. Le soir venu, parade le tout Ste-Anne sur le quai public. C’est le meilleur endroit que ces villageois ont trouvé pour recréer les congestions automobiles et piétonnières des grandes villes. Difficile de croire qu’il y a tant d’habitants à Ste-Anne. En fait, on revoit les mêmes voitures, les mêmes motos défiler plusieurs fois au cours de la soirée. Certains viennent taquiner le poisson en sirotant leur bière, beaucoup demeurant assis dans leur char les vitres baissées discutent avec leurs voisins immédiats en brûlant leur cigarette, mais la plupart ne font que se revirer au bout du grand quai, retournent ensuite sur la rue principale du village et reviennent inlassablement au bout du quai.


La journée précédente, nous avions quitté Matane dans un épais brouillard avec les promesses des météorologues que le temps allait se déboucher en avant-midi. Promesses tenues et la merveilleuse côte gaspésienne se dévoile finalement à nous un peu après Cap-Chat. Un goéland argenté joue à un drôle de jeu avec nous. J’imagine qu’il attendait quelque pitance qui n’est jamais venu mais toujours est-il qu’il se pose sur l’eau environ 30 mètres devant un peu sur notre tribord avant, se laisse dépasser de 200-250 mètres, décolle, vient amerrir devant comme précédemment et répète inlassablement ce manège des heures durant. Je crois que j’aurais pu me faire un nouvel ami si j’avais eu quelques frites à bord. Notre entrée à Ste-Anne-des-Monts a été grandement facilité par la magnifique église à deux clochers comme amer remarquable à partir du large. Chantal en a profité pour faire sa première entrée en port de mer à la barre. Au fait, c’est aussi elle qui en a fait la sortie le lendemain.






Signe que nous avons atteint la mer, ce sont ces escadrons de fous de Bassan volant en formation serrée de quatre à cinq. Les premiers ont été rencontrés un peu avant Matane, leurs piqués et les gerbes d’eau avaient trahi leur présence. Entre Ste-Anne-des-Monts et Rivière-Madeleine, nombre de marsouins ont été observés ainsi que plusieurs petits rorquals. Chantal croit même avoir vu un grand rorqual bleu ou une baleine à bosse durant mon petit roupillon. Des marmettes ou des petits pingouins commencent aussi à faire leur apparition.

Depuis plusieurs jours, notre progression le long de la côte ne peut se faire qu’à moteur. Toc-e-toc-e-toc-e-toc-e-toc-e-toc-e-toc-e, vous vous souvenez? Les faibles vents du secteur nord-est laissent une mer d’huile. Le seul autre choix que nous aurions serait la dérive passive vers le détroit d’Honguedo. Avec une vitesse d’environ 1 nœud, soit 24 milles par jour, ce n’est certainement pas une alternative viable. Et, avec la confirmation d’une première invitée de marque à bord dès lundi prochain à Gaspé, on doit faire de la route. Nous attendrons ensuite notre fenêtre météo pour la grande traversée vers les Îles.

Robert


N.B. Je dois mentionner que pendant que le capitaine faisait une sieste, en route vers Rivière-Madeleine, j’ai vu 2 énormes baleines, nageant côte à côte en longeant le bateau, de la poupe à la proue, à une distance d’environ 20 pieds!! J’ai été figée par la magnificence de cette apparition… C’est seulement après qu’elles m’aient fait 2 ou 3 clins d’œil que j’ai réagit en cognant sur la coque pour réveiller le capitaine. J’ai pensé que ça valait la peine de le déranger! Mais il m’a fallu frapper plusieurs fois avant qu’il ne m’entende, trop tard… Dommage qu’il ait manqué ça!!! J’en suis encore toute ébahie! C’était quèque chose!... comme dirait Daniel!

Chantal

jeudi 15 juillet 2010

Rivìere Madeleine

Nous sommes arrivés à Riviere Madeleine cet apres-midi. C'est magnifique!!!
Pas de connexion Internet à la marina.
Nous visons Gaspé pour dimanche ou lundi matin.

Chantal

mardi 13 juillet 2010

Entrée au club nautique de Matane

Après 26 heures de navigation consécutives, dont les 21 dernières au moteur, nous approchons finalement de notre prochaine escale, le club nautique de Matane.

Le vent du nord-est souffle à 15 nœuds et nous voyageons à environ 2 ou 3 milles de la côte plantée de grandes éoliennes dans une houle d’un mètre avec des moutons inoffensifs quand soudainement, vis-à-vis St-Ulric, le brouillard se lève et nous enveloppe. Nous perdons tous nos repères et devons nous fier exclusivement à notre lecteur de cartes électroniques car notre radar est toujours défectueux. Tout est détrempé en moins d’une heure; la bôme, les haubans, le dodger, le bimini, même mes lunettes dégouttent. Quelle humidité! Nous approchons tranquillement du port principal de Matane ou quelques pêcheurs et le traversier Matane-Godbout peut surgir à tous moments. Tous nos sens sont en éveil. On n’y voit rien même si le brise-lame doit se trouver à moins de 150 mètres. Une fois ce délicat passage effectué, nous n’avons plus que 2 milles à faire pour trouver le club nautique ou nous avons prévu relâcher.

Le maître de port nous annonce que la bouée privée d’entrée du chenal n’existe plus, inutile donc de tenter de la retrouver afin de confirmer notre position. J’oriente donc l’étrave vers l’entrée du chenal entre les deux brise-lames distant l’un de l’autre d’environ 30 mètres. Je ralentis la vitesse mais ne vois toujours rien. Vision fantomatique, un autre voilier apparaît soudainement à 30 mètres sur mon bâbord. Un peu stressant, je dois l’admettre. Chantal a déjà préparé les amarres et les défenses, elle est assise sur le rouf s’arrachant les yeux pour scruter l’apparition éventuelle d’un amer. Le second voilier enfile derrière. Il se fie peut-être sur moi pour retrouver l’entrée croyant que je suis un habitué… Plus que 200 mètres de l’entrée, le fond remonte tranquillement, il n’y a plus que 6 mètres sous la quille. Nous avions merveilleusement bien synchronisé notre arrivée avec la pleine mer. Je réduis encore le moteur, plus que 100 mètres, 3 mètres sous la quille maintenant. L’entrée devrait être là, droit devant mais toujours rien. Quatre nœuds sur le fond et on continue d’avancer dans la ouate blanche. Nos gorges se serrent de plus en plus. 80, 60, 40 mètres et là, droit devant l’étrave, à peut-être 30 mètres surgit un mur de grosses pierres empilées. Mais il n’y a qu’un seul brise-lames! L’autre est encore invisible. En une fraction de seconde, je tourne la barre sur bâbord, faisant une confiance aveugle à mon lecteur de cartes GPS m’indiquant qu’il s’agit du brise-lames en amont. Et il avait raison!!! Nous embouquons l’étroit chenal ou l’absence de toute houle facilite notre lente progression. L’autre voilier nous suit toujours. Les nœuds que nous avions aux tripes se dénouent lentement. Des pêcheurs en bedaine lancent leur ligne avec désinvolture, assis sur leur chaise pliante de camping, sirotant leur bière. Les femmes quant à elles portent des camisoles et shorts. Pas frileux les Matanais…Je crois que nous devrions quand même enlever nos tuques, gants, coupe-vent, polar, chandail à manches longues et combines à grand-manches. Je me garderai cependant une petite gêne et conserverai mon T-shirt avant d’accoster au quai d’essence.

L’accueil est chaleureux, on y reconnaît des gens de la mer. Tout en faisant le plein de diesel, on m’indique un ponton pour la nuit et le préposé s’enquière des conditions rencontrées au large On nous fournit les informations d’usage; toilettes, douches, restaurant, connexion Internet, supermarché, SAQ, activités.

Mais nous ne rêvons présentement qu’à une seule chose : une petite sieste réparatrice. Après laquelle nous préparerons le souper et irons en ville faire un tour de reconnaissance. Nous demeurerons à Matane au moins jusqu’à mercredi car les vents contraires et les risques d’orage ne nous enchantent pas trop.

Et pour ceux qui croient que la croisière s’amuse, jetez un coup d’œil à nos photos prisent vers midi lundi le 12 juillet. Nous envions presque votre canicule. J’imagine que vous enviez presque nos tuques et nos foulards…





lundi 12 juillet 2010

Première navigation de nuit

Pour tous ceux qui se demandent encore ou nous avons finalement atterri hier. Et bien nous étions confortablement installés au seul port de refuge sur la côte de Charlevoix. Ce port est niché tout au bas d’une longue route escarpé à Cap-à-l’Aigle, quelques kilomètres à peine après La Malbaie. C’est d’ailleurs à cette dernière que nous sommes allés effectuer quelques achats nécessaires pour renouveler la cambuse et quelques autres bricoles. Un court saut à Pointe-au-Pic pour le dîner, une visite chez tante Diane et oncle Robert et retour au voilier vers 20 :00 heure. On doit se coucher tôt pour restaurer nos forces.



Après une des meilleures nuits de sommeil depuis le départ de Montréal il y a maintenant une semaine, nous finalisons les derniers préparatifs pour notre premier test de navigation de nuit, seuls, Chantal et moi, sur notre Lady Marianne. La météo a décidé de ne pas collaborer complètement. Qu’à cela ne tienne. Malgré les vents de 10 à 15 nœuds contraires annoncés, nous appareillons 13 :30 heure. Nous devons d’abord combattre un fort courant contraire ou l’absence de vent nous force à utiliser le moteur. Mais une fois arrivés au Gros Cap-à-l’Aigle, le nordest fait son apparition discrète et s’établit tranquillement. Vite, toutes voiles dehors et on tire de longs bords dans le chenal du nord. On se traîne à 4-5 nœuds, le voilier admirablement équilibré, pas besoin du pilote automatique, récemment réparé. Quelques heures plus tard, le jusant vient à notre rescousse pour nous permettre d’apercevoir St-Siméon à notre cinquième bord. Soudain, j’aperçois notre premier béluga. Vite! Les jumelles! Il s’agit d’une mère car apparaît bientôt un jeune reconnaissable à sa couleur nettement plus foncée différente du blanc caractéristique des adultes. Nous verrons aussi quelques têtes de phoques curieux venus observer cet étranger qui envahit leur royaume.

Mais le vent faiblit tel qu’annoncé. J’affale tout et démarre le moteur. C’est au ronronnement de celui-ci que se déroulera le reste de la soirée et la nuit. Le soleil prépare son spectacle quotidien et amorce sa descente derrière les montagnes de Baie-des-Rochers. Je vais tenter de dormir durant le quart de Chantal de 20 :00 heure à minuit.




Toc-e-toc-e-toc-e-toc-e-toc-e-toc-e-toc-e-toc-toc. Essayez de dire ça le plus vite possible et à voix haute. Encore plus vite! Vous avez maintenant une idée du bruit du moteur avec lequel j’ai du composé dans ma cage de fibre de verre! Ai-je vraiment dormi? Peut-être, peut-être pas. Néanmoins, Chantal me réveille avec un chocolat chaud et s’empresse de prendre ma place dans notre lit douillet préalablement réchauffé. Elle a complété son premier quart de soirée haut-la main ayant dû parer l’Île-Rouge dite l’île magnétique par les navigateurs du coin à cause de la tendance des courants à attirer les bateaux vers celle-ci.

Comme un cordon ombilical, je suis relié au voilier par ma ligne de vie. Il est 1 :45 heure du matin. Cassiopée droit devant l’étrave à une élévation d’environ 50 degrés, Forestville loin sur l’avant bâbord, Le Bic sur tribord, mon lecteur mp3 sur les oreilles, j’écoute Dark Side of the Moon. 173 pieds d’eau sous la quille, le fleuve défilant à 5.7 nœuds le long de la coque, mon premier quart de nuit. Difficile d’expliquer ce que je ressens présentement. Run, rabbit run… La mer est calme, un peu froissée par ce léger vent d’à peine 10 nœuds caressant ma joue gauche. Le voilier tangue légèrement. No one told you when to run, you missed the starting ground… et la guitare de Gilmour s’emballe… J’en oublie presque que je doive m’assurer que la voie est libre devant l’étrave. The Great Gig In The Sky avec cette voix de femme magnifique me prends aux tripes, m’élève, m’emporte et me dépose tout délicatement loin de tous mes soucis, mes peines, mes douleurs. Tiens, encore les larmes. Ensuite, voici le ketching, ketching de mon amie Judith avec les caisses enregistreuses, le saxophone et la guitare envoûtante de Money. Dommage qu’elle n’apprécie pas Pink Floyd, je devrai l’initier… This is a crazy proposal. Je me lève, vérifie le cap, rajuste de 10 degré sur tribord, attends quelques minutes et me rassois. Us and them, and after all, we’re just ordinary men… Graduellement, les rives s’estompent dans la ouate humide, les amers disparaissent un à un. Ne subsistent que de lointaines galaxies vers lesquelles pointe le mât. I’ll see you all on the dark side of the moon. You lock the door and throw away the key, there’s someone in my head but it’s not me… The sun is eclipsed by the moon

Voici enfin Rimouski dont j’apercevais le halo lumineux depuis longtemps déjà. On change d'artiste et de registre avec Cartier, Cartier, si t’avais navigué du côté de l’été, aujourd’hui on n’aurait pas besoin de porter une tuque sur le fleuve, je pourrais ôter mes combines, mon T-shirt, mon chandail à manches longues, mon polar, mon coupe-vent et mes gants…

Il est 3 :30 heure et j’entrevois déjà le ciel s’éclaircissant légèrement entre les nuages vers l’est. Officiellement, la fin de mon quart approche. J’ai toutefois dit à Chantal, qui a besoin de plus de sommeil que moi, que je la laisserais dormir si je me sentais bien à 4 :00 heure. Elle m’a fait promettre de la réveiller pour le lever du soleil. Je crois qu’elle veut le saluer. Je l’imagine sur la plage arrière, sur son tapis de yoga, emmitouflée de ses nombreuses épaisseurs tel le bonhomme Michelin, portant en plus tuque péruvienne et foulard, incapable même de se pencher Je souris. Un jour, je vous le promets, je vous prendrai quelques photos à son insu…

Le ciel se teinte progressivement d’une douce teinte rosée au nord-est. Les goélands argentés et les huarts à collier me saluent à grands renforts de cris. Comme les humains s’étirant au sortir du lit, ces oiseaux marins se secouent les ailes, y vont de quelques coups pour s’assurer que la mécanique fonctionne toujours et replie finalement leurs appendices, satisfaits. La nuit laisse doucement sa place au crépuscule.




Je dois aller réveiller ma tendre épouse. Si je lui fais manquer son lever de soleil, ce ne sera plus de la musique que j’aurai dans les oreilles…

Merci à tous ceux qui m'ont accompagné tout au long de cette nuit mémorable… Et bonne nuit.

Robert

samedi 10 juillet 2010

Changement de "cap"

Levée à 5:30 heure, appareillage à 6:00 heure dans la pluie et le brouillard. Après quelques bouées fantômes, la traverse St-Roch à 13 noeuds sur le fond, un vent réel de 10 noeuds dans le nez et des risques d'orage, nous décidons d'orienter notre cap franc nord au lieu de maintenir le 45o.


La côte de Charlevoix s'approche mais nous n'y voyons pas grand chose...



Jusqu'à ce qu'enfin notre destination pour aujourd'hui se présente. Remarquez bien les mâts des voiliers en bas, un peu à droite de l'église. Mais ou sommes-nous atterris???


Départ pour Rimouski ou Matane reporté à demain en espérant les vents du sud-ouest tant espérés...

vendredi 9 juillet 2010

Départ prévu de St-Jean-Port-Joli demain

Nous prévoyons quitter très tôt demain pour profiter au maximum du jusant dans la traverse St-Roch et en aval. Destinations potentielles; Rivière-du-Loup (49 milles), Rimouski (110 milles) ou Matane (155 milles). Cela dépendra des conditions météorologiques et de nos capacité et volonté à naviguer de nuit.

On vous tient au courant dès que possible.

XX

Robert

Le port joli de St-Jean



Difficile de décrire l’ambiance un peu surréaliste qui règne dans ce village rendu célèbre par la famille Bourgault, peintres mais surtout sculpteurs reconnus internationalement. Évidemment, comme dans tous les endroits éminemment touristiques, il y a les vendeurs de pacotilles, casquettes, T-shirts, cotons ouatés mais aussi, les vrais artistes, ceux dont on admire longuement les œuvres, devant lesquelles on s’extasie même. Toutefois, ce ne sont pas eux qu’on aperçoit au premier coup d’œil, il faut gratter un peu la surface afin de les découvrir. . C’est Aimée qui apprécierait car St-Jean-Port-Joli est pratiquement un musée vivant à ciel ouvert.

Il faisait bon d’être accueillis par Alain, le maître de port, à notre arrivée. Il nous a reconnu venant du large et il a enfourché son « bécike » pour venir nous serrer la pince et nous souhaiter la bienvenue. Nous l’avions rencontré une première fois il y a deux ans et, à l’époque, son allure très décontractée nous avait d’abord surpris, même étonnée. Contrastant fortement avec les responsables des autres marinas visitées le long du fleuve, on le sent passionné par la voile, les voiliers et les voyageurs de l’océan. Arborant fièrement sa queue de cheval et sa barbe blonde blanchissante, portant sandales, bermudas et polar par à peu près tous les temps, ses petits yeux intelligents, expérimentés et avertis analysent rapidement les lignes des bateaux visitant son royaume.

Alain nous apprend qu’il y a un spectacle débutant à 20 :00 heure au bar de la capitainerie, lieu de rencontre traditionnel des villageois l’été. Imaginez la scène : un bar orné au plafond d’un bout-dehors d’une vingtaine de pieds avec sous-barbe et sirène sculptée en figure de proue comme pour les grands voiliers d’époque; un groupe de 3 Péruviens, un Nicaraguaéen et d’une québécoises jouant de la musique des Andes avec leurs instruments traditionnels; près d’une centaine de personnes des plus bigarrées sirotant leur bière, échangeant avec leurs voisins, dansant en bousculant un peu les serveurs. À notre entrée, nous avons dû trouver 2 tabourets et nous installer à l’arrière complètement de la salle, tout près de la porte donnant sur la galerie extérieure. Les deux dames d’une soixantaine d’années assises devant nous, portant robes fleuries et chapeaux de mauvais goût, lunettes à montures en corne, rouge à lèvres épais auraient certainement pu jouer dans un film tellement elles semblaient stéréotypées. Quant à leur copine, attachez bien vos tuques!!! Elle portait un genre de béret turquoise crocheté, porté sur l’arrière pour retenir sa chevelure grisonnante, une robe courte multicolore cintrée à la taille, une jupe non-assortie longue jusqu’aux genoux, des bottillons en cuir lacés, des bas de laine roulés à mi-mollets, deux ou trois bracelets à chaque poignet et de mignonnes boucles d’oreilles pendant plus bas que ses frêles épaules. Les pieds de cette charmante créature rythmaient les percussions tandis que ses bras semblaient plutôt mûs par quelques fils d’un marionnettiste invisible. Elle ne s’est pas assise de la soirée même si je lui réservais un tabouret. Elle venait simplement prendre sa petite gorgée d’eau entre chaque chanson. Un autre participant à cette soirée mémorable accompagnait quelques fois en dansant la dame précédente. Lui-même portait une magnifique chemise hawaïenne, un jeans quelque peu défraîchi, des cheveux longs gris et une barbe, évidemment grise aussi, descendant jusqu’au nombril. Mais le clou de la soirée fût, qu’à un certain moment, nous avons vu se rendre au bar un grand-père d’environ 80 ans portant une longue barbe blanche et grise en milieu de poitrine, petites lunettes rondes à la John Lennon, bottes courtes et bas de laine roulés (c’est définitivement la mode ici), bermudas noirs, chandail gris et veston noir, coiffé d’un chapeau foncé genre Tilley. Il a « callé » son petit rhum d’un trait. Quel choc! Voilà le secret pour vivre vieux et en santé!!!

Nous sommes allés nous coucher un peu groggy par les évènements. Mais au réveil, nos souvenirs sont identiques, nous n’avons donc pas trop abusé de la sangria…

Faîtes de beaux rêves,

Robert et Chantal XX


Départ de Berthier-sur-mer

8 juillet 2010


Nous appareillons donc de Berthier-sur-mer à 15 :30 heure, soit une heure avant la haute mer. Ceci implique que nous devrons combattre le courant de jusant pour environ 2 heures avant que le flot nous transporte graduellement vers notre prochaine destination.

Au fait, vous ai-je dit que cette prochaine destination était maintenant Rimouski? Et oui, on change d’idée comme on change de chemise ces temps-ci. C’est un peu ça le plaisir (ou le stress, c’est selon) de voyager à voile. Il faut être flexible ce qui n’est certainement pas naturel dans notre monde suprêmement organisé. Mais ça s'apprend...

Nous avons décidé de faire notre première navigation de nuit sur le fleuve. Rimouski est à environ 136 milles et selon le dernier bulletin météorologique le vent nord-est devrait faiblir en début d’après-midi pour faire place au sud-est favorisant notre progression. Lorsqu’on quitte le port, aucun signe de cette bascule et nous l’avons en plein dans le pif! Impossible de hisser les voiles dans ces conditions de chenal étroit avec la traverse St-Roch que nous devons atteindre avant la renverse, nous continuons donc au moteur jusqu’à ce qu’il change. Et voilà le pilote automatique qui rend l’âme… Le voilier ne tient plus son cap par lui-même, nous devons barrer. Qu’à ça ne tienne, les plans demeurent.

Quatre heures de moteur plus tard, le nordest tient bon. Toujours aucun signe de bascule. J’écoute à nouveau le bulletin météo de la garde-côtière sur la radio VHF et on a mis à jour les prévisions. Ce contre-vent têtu tiendra jusqu’au milieu de la nuit pour s’établir au sud-est tôt demain matin seulement. Il forcira ensuite à 20-25 nœuds avec rafales à 35 dans les orages parfois forts prévus en début d’après-midi demain vendredi. Eeeee! Je disais qu’il fallait être flexible! Changement au programme et on vire de 45o sur tribord pour entrer à St-Jean-Port-Joli. Arrivée à 19 :30 heure et on se protègera pour les 36 prochaines heures. De toute façon, quelques bricoles m’attendent…

Bonne journée à tous,

Robert

jeudi 8 juillet 2010

Journée de rêve...

Mercredi 7 juillet 2010


Tous ceux qui ne connaissent pas la voile et qui en rêve imaginent une journée comme nous avons vécu aujourd’hui. Un peu chaud, je vous l’accorde mais pour le reste, rien à redire.


Partis de la marina du Vieux-Port de Québec vers 15 :00 heure, nous embouquons le chenal des grands voiliers à moteur mais hissons immédiatement les voiles après la pointe de Lévis. Les voiles établies en ciseaux, une sur tribord et l’autre sur bâbord, plein vent arrière, nous ballotons tranquillement sur un bord et sur l’autre. Le vent stable et doux nous fournit une vitesse moyenne de 5 nœuds sur l’eau. Nous mettons quatre heures pour rallier Berthier-sur-mer. Un pur délice.

Pour rejoindre le quai que la préposée nous a assigné, nous labourons allégrement le fond vaseux du trou de Berthier car les alluvions s’y sont déposés au cours des dernières années et le dragage a été retardé à l’automne prochain. Le voiler tire 1.8 m et mon profondimètre indiquait 1.6 m!!! Mais le moteur puissant nous permet de continuer à avancer sans problème. Et la marée doit encore descendre pendant 2 heures!!!

Mais qu’il fait chaud!!! Le thermomètre du bateau indique 34o C. On cuit. Nous sommes donc allés rejoindre les villageois sur la plage de grès rouge pour une petite baignade. L’eau fraîche nous redonne de l’énergie pour préparer le souper. Il est 19 :30 heure.


La destination de demain n’est pas encore décidée. On pourrait se la couler douce et atteindre St-Jean-Port-Joli (26 miles). Sinon, on pourrait aussi pointer l’étrave vers la rive nord pour rejoindre le port de refuge de Cap-à-l’Aigle en traversant l’archipel à l’est de l’Île-d’Orléans (environ 55 miles). Il nous faudrait environ 10 heures pour effectuer ce trajet si on croit pouvoir tenir une moyenne de 5.5 nœuds sur le fond. À moteur, ce serait facile à réaliser mais pourquoi voyager en voilier si on laisse les voiles ferlées? Nous pourrions aussi aller mouiller aux Îles Pellerins approximativement à la même distance. La météo maritime de demain dictera notre choix. De toute façon, à cause des courants de marée, il ne serait pas efficace de quitter avant environ 14 :00 heure. Ce qui nous laisse amplement de temps pour établir notre plan de route.

Bonne nuit à tous,

Robert et Chantal

Ah! Québec!

6 juillet 2010


Je vous l’avoue, j’ai un faible pour cette ville. Selon moi, la plus belle, la plus attrayante de notre pays. Tant qu’à y être, je me confesse, j’aime aussi le maire Labaume! Non mais, aucune comparaison avec le somnifère maire Tremblay de la métropole! Donc, une fois mon biais bien mis en évidence, vous comprendrez qu’une journée passée au bassin Louise du Vieux-Port de Québec est un plaisir chaque fois renouvelé.

Il a fallu quitter Neuville à 5 :45 heure pour atteindre Québec sans trop d’effort en 2 heures de navigation au moteur car le fleuve était d’huile. Arrivés très tôt, nous avons donc toute la journée pour nos achats et contacter les amis. Première station, les halles situées à quelques minutes de marche. Arrêt obligé pour renouveler notre inventaire de fruits et légumes. Les savoureuses fraises de l’Île sont au tout premier rang de notre liste. Pas trop loin derrière, 2 bouteilles de Portageur, boisson alcoolisée de fruits rappelant le jeune porto. Viennent ensuite un pot de basilic duquel on prélèvera quelques feuilles de temps en temps si nous n’oublions pas de l’arroser bien évidemment, des concombres, carottes, bananes, poires, fromage en grain, miel, etc. Il faut bien renouveler la cambuse.

Un saut chez Costco et Canadian Tire pour nous rappeler notre monde de consommation excessive. On est ensuite reçu chez des amis pour partager un souper mémorable. Milles mercis aux ami(e)s pour cette belle journée. Vous savez que si vous passez un jour par Ste-Julienne, il nous fera plaisir de vous rendre la pareille.

Demain, départ en milieu d’après-midi pour Berthier-sur-mer. Nous profiterons de l’avant-midi pour se rafraîchir à la piscine de la marina et terminer quelques petites bricoles; moteur hors-bord du dinghy qui n’a pas servi depuis deux ans à faire démarrer, remplacer le feu de navigation arrière, rinser, vidanger et remplir les deux réservoirs d’eau potable qui contiennent encore l’antigel de plomberie hivernal.

C’est à Québec que l’fun commence!!!

Tourlou,

Robert

mercredi 7 juillet 2010

Petites nouvelles

Nous sommes à la marina du Port de Québec depuis hier matin 8:00. Journée très relaxe avec des amis. Merci à Karine, Michel et Jacynthe! C'a fait du bien!! En plus, en avant-midi, nous sommes allés au Marché des Halles et avons acheté un beau panier de fraises (variété Seascape: fraises tardives vraiment délicieuses!!!) Hum...
Aujourd'hui appareillage prévu vers 14:00 seulement, dicté par les marées. À l'horaire d'ici là: remplir les réservoirs d'eau, douches, rangement du bateau, peut-être quelques petites bricoles à réparer(faut bien se tenir occupés!)... mais surtout, j'espère bien avoir le temps pour une petite baignade, qui serait vraiment appréciée par cette canicule!

Berthier-sur-mer nous attend en fin d'après-midi.
Il fait encore beau! Yéh!! Ça commence à ressembler à des vacances!!!
Détails à suivre sur le déroulement des dernières journées bientôt, quand le capitaine aura le temps pour ses longs messages...

Chantal

lundi 5 juillet 2010

Le grand départ!!!

Samedi le 3 juillet 2010


Hip! Hip! Hip! Hourra!!!
Pour la toute première fois de la saison, le moteur a finalement démarré hier soir. Mais que de travail intellectuel d’analyse et d’efforts physiques pour obtenir ce résultat. C’est vraiment là que je reconnais à quoi ont servi mes années de résolution de problèmes techniques chez Roche!!!...!!!... Et encore!!!...!!!

Pour faire une histoire courte et pour ceux qui ont un esprit un peu plus mécanique, je vous raconte. Pour les autres, sautez simplement ce paragraphe et continuez au suivant… Donc, à la mise à l’eau du bateau mercredi dernier, nous voulions faire démarrer le moteur afin de s’assurer que tout était en ordre. Surtout que j’avais démonté l’hélice, son shaft et son système d’engrenage ce printemps. J’y avais changé les seals, les o-rings, l’huile et l’anode sacrificielle. Avant de démarrer le moteur, il fallait d’abord primer tout le système de refroidissement d’eau de mer. Pour ce faire, on ajoute de l’eau à partir du pont du voilier dans le tuyau d’entrée d’eau de mer jusqu'à ce qu’elle sorte par le tuyau d’échappement situé sur le côté du voilier. Ça faisait la quatrième fois que l’on procédait ainsi sans problème aucun. Et bien, figurez-vous que cette fois-ci, l’eau s’est soudain mise à couler par le filtre à air du moteur!!! PANIQUE À BORD!!! Et, il ne reste que vingt minutes avant que la marina ferme… J’essaie de faire démarrer le moteur lorsque l’eau cesse de couler de l’intake. Rien à faire, il ne veut pas tourner. J’espère que rien n’est cassé… J’essaie de comprendre ce qui a bien pu se passer et je n’y arrive pas. Nous devons partir, le gardien ferme les barrières. Une fois rendu au restaurant quelques minutes plus tard, je dessine sur un napperon les différents circuits d’eau, Prestone, chambre à combustion, etc. Et, tout à coup, je crois comprendre. Il faut vraiment avoir la guigne pour qu’une telle chose arrive mais c’est la seule hypothèse plausible à mes yeux! J’attends vos propres hypothèses pour les explications. Cependant, il faut maintenant remédier au problème si on veut partir comme prévu. J’ai une idée de la procédure mais je veux consulter mes amis mécanos au préalable. Cela consisterait à enlever les injecteurs, assécher les 3 chambres à combustion avec petite pompe manuelle et séchoir à cheveux et essayer de démarrer à nouveau. Sylvain, notre ange-gardien mécanicien de son Lac Taureau à St-Michel-des-Saints, nous propose quelque chose d’encore plus simple. Il s’agit d’enlever les trois glow plugs, faire tourner le moteur manuellement quelques tours pour extraire l’eau, réinstaller les glow plugs et faire démarrer. Il nous dit que c’est un problème simple qu’il appelle hydraulic lock, que rien n’est endommagé et que ça va partir comme si de rien n’était. Et, il avait totalement raison. Merci mon ami!!!

Donc, après la mise à l’eau mercredi et les vérifications et problèmes d’usage. Après le déménagement de Catherine à Montréal jeudi le 1er juillet (qu’il y aurait des choses à dire sur les déménagements du 1er juillet dans les petites rues résidentielles de Montréal mais ce serait hors contexte n’est-ce pas?). Après la fermeture de la maison pour les deux prochains mois et après avoir embarqué tout notre bardas dans le voilier hier, nous avons finalement réussi à appareiller en ce beau matin ensoleillé du samedi 3 juillet après s’être levés à 6 :30 heure. Départ pour la première écluse de Ste-Catherine située à 3 minutes d’oü on se trouve. À l’arrivée à 9 :00 heure, on nous dit qu’il y a environ 2 heures d’attente. Nous avions vu ce cargo juste derrière nous s'apprêtant à descendre mais ensuite, un autre devra remonter avant qu’on nous permette de nous engouffrer à notre tour. Priorité aux navires commerciaux, c’est ainsi dans la voie maritime du St-Laurent. Et quand notre tour arrive, nous sommes maintenant une dizaine de plaisanciers à attendre. Nous sommes le seul voilier.


À la sortie de cette première écluse, nous avons une heure de moteur avant d’accéder à la deuxième à St-Lambert. Nous retrouvons tous nos camarades de la première écluse attendant patiemment qu’on remonte un énorme cargo. Encore 2 heures d’attente.


Une fois l’île Ste-Hélène passée, nous pouvons enfin hisser les voiles devant le port de Montréal. Notre Lady Marianne s’ébroue. Un os entre les dents, sa coque vibre de plaisir. Il y a de quoi! De 25 à 30 nœuds de vent du sud-ouest nous pousse allègrement avec le courant. Nous tenons une moyenne de 9.5 noeuds sur le fond, soit 7.5 sur l’eau au grand largue bâbord. Pas mal du tout. Ainsi défile les amers; le stade olympique, les tours d’aération du pont-tunnel Louis-Hippolyte Lafontaine, les raffineries de Montréal-est, le bout de l’île, Repentigny, Varennes et son église à deux clochers, Contrecoeur, l’entrée de la passe du Club Nautique de Berthier auquel j’appartiens, Sorel et ses traversiers reliant St-Ignace-de-Loyola sur la rive nord et finalement, notre destination pour aujourd’hui, le chenal aux Corbeaux que nous empruntons jusqu’à l’entrée de la baie de l’Île-de-Grâce. Nous décidons de mouiller l’ancre par 6 mètres d’eau juste en amont de l’entrée de la passe pour accéder à cette baie. Il est 20 :30 heure et nous n’avons pas encore soupé. Une saucette rapide pour se laver sommairement, on remet le voilier en ordre après cette première journée de navigation riche en émotion, on prépare le repas, on finit notre récit et hop! Au lit! Il est 22 :30 heure. J’espère que le vent soufflant encore en rafales à 15-20 nœuds ne nuira pas trop à mon sommeil.


Bilan provisoire de cette première journée : 23 kg de plantes aquatiques pris dans l’hélice, 2 empannages intempestifs, 7 jurons bien salés, 1 génois pris dans son enrouleur par 20-25 nœuds de vent apparent dans un chenal relativement étroit, 6 autres jurons bien salés, 2 écluses, 4 heures d’attente, 2 heure de moteur, 6 heure de voile, 452 bateaux de plaisance à moteur de toutes catégories croisés qui remontent le fleuve (il y a des feux d’artifice à Montréal ce soir, quel embouteillage cela doit faire sur l’eau), 5 ou 6 cargos, 48 milles nautiques parcourus et 59 photographies. Le départ est donné et nous avons décollé sur les chapeaux de roue!!!

Robert