À la voile...

À la voile...
Sur notre CS-22 au réservoir Taureau

mercredi 4 août 2010

Sur le chemin du retour




4 août 2010

Après près de deux jours complets en mer, la terre. À bâbord, les îles du Corossol et Manowin. À tribord, la Grande Basque, la Petite Basque, la Grosse Boule et la Petite Boule. Il ne manque que les îlets Dequen pour finaliser le compte, mais, trop petits, ces derniers demeurent dissimulés sous leur voile de tulle. Je suis assis en pied de mât, adossé au radeau de survie depuis plus d’une heure, tentant d’apercevoir ces îles à travers la brume persistante. L’autopilote est enclenché puisque Chantal roupille encore dans sa couchette. Le radar et mon lecteur de cartes GPS me les montrent pourtant parfaitement mais impossible de les discerner avant environ 4-5 milles au large. Mon poids se transfère de ma fesse droite à ma gauche et encore à ma droite au rythme du balancement du voilier imposé par la houle.

Ce matin, j’ai pu enlever mon manteau d’hiver doublé et ma tuque noire que j’ai portés la majeure partie de la nuit. J'avais même ajouté des "culottes à grand-manches" sous mon pantalon. J’ai pris la relève de Chantal de minuit à 6 :00 heure. Un épais brouillard nous a enveloppé aux environs de 3 :00 heure laissant les filières, les écoutes, la bôme et tout ce qui est à l’extérieur dégoulinant. Au moment de traverser le rail des bateaux transocéaniques, ce brouillard s’était quelque peu dissipé pour laisser place à une brume plus légère permettant au moins une visibilité de quelques milles. Puis, graduellement, un doux soleil, un peu timide il est vrai, laissa filtrer ses rayons jusqu’à nous. Quel délice après tant d’humidité. Le pont a séché tranquillement et j’ai dû mettre mon chapeau Tilley pour protéger le peu de cervelle qui me reste. Nous avons parti le brûleur au propane et j’ai avalé 3 toasts au beurre de peanuts cuites sur un rond de poêle à bois. Ces délicieuses tranches provenaient d’un pain que Chantal a fait cuire il y a deux jours. Difficile de demander mieux. Même au restaurant on ne peut nous servir un tel festin.

Depuis de longues minutes, je suis en contemplation devant cette masse infinie d’eau mouvante parsemée d’innombrables taches blanches. L’écume bouillonnante à l’étrave m’hypnotise. Je me sens profondément bouleversé. Aujourd’hui, je comprends et je ressens pour la toute première fois, ce que tant de marins ont tenté de partager par leurs écrits ou histoires. La mer est belle. Il faut la sentir au plus profond de ses tripes pour l’apprécier réellement. Soudainement, je comprends aussi l’ambiguïté d’un côté de vouloir atteindre une destination fixée au préalable dans un plan de route, mais de l’autre, tout aussi puissant, le désir de continuer, de ne pas rompre le charme, cette communion presque charnelle avec la mer. Mon corps s’est adapté au roulis et aux divers sons émanant des entrailles de ma coque de noix. Pour la première fois hier soir, j’ai bien dormi entre mes quarts. En ce moment, je réalise que plus jamais, je ne serai le même.


Après 24 heures en mer hier, à une dizaine de milles avant d'arriver à Rivière-au-Rernard, notre escale prévue, nous avons décidé de continuer la route afin de profiter d’une belle fenêtre météo avec vents portants. Nous allongions notre route d’au moins la même distance que celle que nous venions de parcourir. Après une modification de notre plan de route avec la garde-côtière canadienne, nous mettons le cap sur la Cöte-Nord. Mettre le cap est ici une figure de style puisque nous ne le modifions en rien, je devrais plutôt dire que nous maintenons le cap au 320 degrés. Ceci nous amènera à notre nouvelle destination.

Immédiatement après cette annonce aux autorités, le vent tombe et refuse. Contre toute attente, il vire à l’ouest à 10 nœuds. Je rappelle les garde-côtes pour confirmer mon interprétation des bulletins météorologiques précédemment diffusés sur les ondes de ma radio VHF. Ils me confirment que les conditions actuelles ne sont pas prévues et qu’ils rencontrent le même phénomène à terre, à environ 4-5 milles d’où notre voilier se trouve. Je conclue qu’il s’agit probablement de perturbations locales dues aux légères averses aperçues plus loin à l’ouest de notre position.

Je fais donc fi de ces conditions incontrôlables, je rentre les voiles et démarre le moteur. Il tournera pour les 12 prochaines heures. Je m’installe au BBQ et j’y fait cuire notre souper. Au menu ce soir : poulet épicé, couscous, oignons et haricots frits. (Il me semble entendre Judith soupirer d'envie... L'avez-vous entendue aussi?)

C’est à ce moment que nous avons assisté, Chantal et moi, à une représentation tout à fait unique de 6 ou 7 dauphins à flancs blancs. J'ai d'abord cru à des marsouins lorsque je les ai aperçu au loin faisant leurs cabrioles. Ils se déplaçaient rapidement. Avec les jumelles, je pouvais observer les bouillons qu’ils provoquaient à la surface de l’eau. Par trois fois, l’un et l’autre de ces clowns ont bondi complètement hors de l’eau dans des hyperboles parfaites. Puis, sans avertissements, ils ont bifurqué vers le voilier et se sont rapprochés à tel point que les jumelles devenaient superflues. Surexcité, je me suis dirigé à l’étrave pour les observer jouer sur notre vague mais ils sont restés derrière, à une vingtaine de pieds, comme pour nous saluer. Ils ont ensuite regagné le large et nous les avons perdus de vue. Spectacle gratuit et émouvant.

En ce moment, la terre devant moi se dévoile lentement, le tableau monochrome se fait désirer. Un timide soleil à peine discernable à travers les épais nuages gris ne rendent certainement pas justice à ce que pourrait être le spectacle du passage entre ces îles en des circonstances plus lumineuses.

J’ai aperçu le phare de l’île du Corossol il y a plusieurs minutes déjà. On entrevoit maintenant les brisants sur ses falaises rocailleuses. Nous nous glissons doucement entre ces îles par le chenal du milieu. Je corrige le cap pour nous mettre vent de travers. Plus que 6 milles. Notre plan de route, corrigé une seconde fois plus tôt ce matin, prévoyait une heure d’arrivée à 13 :00 heure. Nous y arrivons avec 15 minutes d’avance. Cet après-midi, nous nous payons Sept-Îles!!!

Robert

2 commentaires:

  1. on matin vous 2 ! Petite lecture et visionnage de photos en vacances ! Je suis vraiment sous le charme de vos récis et des photos ! D'ailleur, je suis déçu que vous avez trouvez mon espion qui devait vs suivre sans être vu ! Vs lui avez vu la ^tête.....dire qu'il m'a couté 200 poissons pour l'apprivoiser ;o)) En allant au resto avec marie et Steph, je suis tombé sur Guy et sa conjointe au Vien Dong sur des Laurentides. On en a profité pour jaser de votre voyage et de tout ce qui en ressort ! Donc tu vois Robert, tu as des preuves qu'on te suis !!!! Je ne sais pas combien de sior de badminton cela prendra pour que tu ns raconte le tout !!! P.S je ne croyais pas qu'il faisait si froid en haute mer, même en été ! J'ai une amie qui parlait il y a plusieurs années de faire de la plongée ds ton coin. Etk, si elle te lisait, je susi sure qu'elle changerait ses plans pour retourner ds le sud hihi.
    On va lever un ti verre de ti punch a votre santé tous les 2 ! Bon retour et continué à écrire !
    ciao Jacques

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  2. wow cousin c sur que jaime pas leau jaime mieux etre sur terre ms la je crois que pour voir ds dauphins je serais prete bisou a vs deux je vs aimes xxxxx

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