À la voile...

À la voile...
Sur notre CS-22 au réservoir Taureau

mercredi 4 août 2010

47 degrés 47’ N, 62 degrés 29’ W


2 août 2010

Placez ce point sur une carte… Allez, allez, ouvrez Google Earth, je vous attends… Entrez les coordonnées… C’est ça, une trentaine de milles de parcourus depuis le port de pêche de l’Étang-du-Nord aux Îles-de-la-Madeleine.

Il est 23 :30 heure, ça fait à peine une demi-heure que mon quart de nuit a débuté. Comme à l’accoutumée en début de traversée, je n’ai pas réussi à vraiment dormir en début de soirée. Je me suis bien couché vers 20:00 heure, au début du quart de Chantal, mais le sommeil s'est fait attendre. Chantal vient d’aller se coucher. Elle ne dormira probablement pas non plus.

Le ciel est clair, la mer est calme, une légère brise du nord-est nous fait avancer par vent de travers. On entend l’eau ruisseler tout le long de la coque et terminer dans un frémissement tout à l’arrière.





Maintenant, levez les yeux directement au dessus de vous. Vous apercevez ces millions de petites lumières dans le ciel? Jamais vous n’aviez imaginé qu’il y en avait autant, hein? L’étoile polaire, Pollux, Véga, Deneb et Altaïr. La Grande Ourse, Cassiopée, le Dragon, la Lyre, elles sont toutes si claires et précises. Même la voie lactée est facilement identifiable ce soir. Mais qu’est-ce que ce point lumineux qui bouge rapidement? Un satellite en orbite autour de la Terre assurément. Oh! Je viens d’apercevoir une étoile filante! Vite, un vœu…

On roule un peu; rien de plus normal avec ce léger vent de travers. On tangue un peu aussi. Vitesse sur le fond de 4.5 nœuds, cap au 320o vrai. Le voilier soulage bien et l’étrave ne tape pas dans la vague comme au départ de notre traversée vers les îles, au près serré en partance de l'Anse-à-Beaufils. Le vent vire à l’est un peu. Attendez je reviens, je dois effectuer un ajustement de voilure. Il a diminué aussi et notre vitesse s’en ressent; plus que 3 nœuds.

Ce soir, je ne vous entretiendrai pas de mes goûts musicaux ni de mes goûts gastronomiques. Quoique je viens de finir le sac de Ruffles au BBQ et de m’envoyer un p’tit Pepsi diète bien froid derrière la cravate. Ça fait assez santé n’est-ce-pas? Quoi, c’était quand même un Pepsi « diète »… Mais je ne considère pas ce régime comme de la gastronomie. C’est la caféine dont j’ai besoin pour mon quart et comme je ne bois pas de café…

Nos feux de navigation sont allumés; vert à tribord, rouge à bâbord et blanc à la poupe. Pas de lune cette nuit. Elle se lèvera probablement plus tard dans la nuit ou au petit matin car si je me rappelle bien, elle était pleine au début de notre séjour aux îles. Pas d’autres lumières non plus sur l’eau. Nous sommes seuls, seuls au milieu du golfe. Quelque part entre la Gaspésie, Anticosti et les Newfies.





Bon, alors même si c’est pas mal contre mes principes, je viens de démarrer le moteur. Il faut dire qu’Éole ne m’a pas trop laissé le choix. Avec des vents faiblissant à 2 ou 3 nœuds et faisant le tour de la rose… Et si je veux un tant soit peu respecter mon plan de route déposé en fin d’après-midi avec les garde-côtes de Rivière-au-Renard. ETA 19 :00 heure le 3 août que je leur ai dit. L’optimiste! Enfin, disons que cela va réchauffer l’huile-moteur que je viens tout juste de changer avant de partir. Dire que les météorologues prévoyaient des vents du sud-ouest entre 10 et 15 nœuds s’établissant au sud demain pour atteindre 20 nœuds. Il est 1 :00 du matin et nous n’avons eu qu’un faible nordet depuis le départ il y a de ça 9 heures déjà. Même pas encore 40 milles au loch. Espérons qu’ils ne se sont pas trompés pour les 20 nœuds du sud… Alors, toc-e-toc-e-toc à 2000 rpm pour 5.5 nœuds sur le fond. C’est Chantal qui va être joyeuse, elle qui essaie de dormir…

Nous sommes donc sur le chemin du retour. Ça fout un peu le cafard. C’est comme la fin des vacances. Même s’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir, ça sent déjà la fin. Chantal désire revenir à la maison plus rapidement que prévu. Selon ses dires, le plus tôt serait le mieux. Elle s’ennuie, elle n’arrive pas à s’adapter. Il ne faut pas s’obstiner, on rebrousse chemin. Il se peut qu’elle débarque sur le chemin du retour pour revenir à la maison en autobus. Malgré tout, je tiens à souligner que je ne suis pas peu fier de mon amirale : une traversée aller-retour aux Îles-de la-Madeleine, partis de Montréal, ce n’est pas rien. Pour une première expérience, c’est vraiment une belle réussite.

Si Chantal prend l’autobus au retour, je devrai donc ramener le bateau à Montréal en solitaire. Si jamais l’un d’entre vous a du temps et l’aventure l’intéresse, contactez-moi, on tentera bien d’organiser quelque chose. L’itinéraire exact et les dates sont encore à être déterminés. Mais, comme dit si bien une très bonne amie à moi : I’m so flexible, it’s unbelievable!

Robert


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