À la voile...

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Sur notre CS-22 au réservoir Taureau

samedi 7 août 2010

Le jeu du chat et de la souris

6 août 2010

Après moins de 24 heures d’escale à Sept-Îles, nous décidons de larguer les amarres pour rejoindre Baie-Comeau avant que la météo ne se détériore. On prévoit des vents du sud et du sud-ouest entre 20 et 30 nœuds pour les 3 ou 4 prochains jours. Nous disposons d’une fenêtre météo d’environ 18 heures, un peu serrée mais suffisante, pour effectuer le trajet avant que ces vents contraires ne s’établissent. Avec les prévisions météorologiques mises à jour juste avant notre départ, on prévoit que la distance d’une centaine de milles nous séparant de notre prochaine destination se fera au moteur dans un brouillard parfois épais contre des vents d’environ 10 nœuds au départ et faiblissant au courant de la nuit.

Nous avons décidé de quitter Sept-Îles parce que nous n’avons pas vraiment le goût d’être prisonniers ici pour une aussi longue période. Primo, la marina est relativement dispendieuse. Secundo, on n’y ressent aucune chaleur, ce qui contraste avec la vaste majorité des autres marinas visitées au cours du voyage. Tertio, il n’y règne aucune activité, la vie sociale semble éteinte, on n’y voit que très peu de gens sur les pontons. Pourtant rien à redire quant au service, le tout est correct et courtois, mais sans plus. Les installations sont aussi adéquates. Finalement, Baie-Comeau me semble une meilleure escale pour y séjourner quelques jours puisque je pourrai y retrouver plusieurs cousins et cousines vivant tout près. Il me sera aussi plus facile à partir de là de naviguer en solitaire, les distances entre les différentes escales étant plus rapprochées. Vous l’aurez deviné, ce sera la dernière escale de ma partenaire.

Nous quittons donc à 12 :30 heure avec l’intention de rallier Baie-Comeau avant 6 :00 heure le lendemain matin, heure à laquelle les vents devraient commencer à monter sérieusement. Nous nous faufilons entre les îles protégeant la baie de Sept-Îles par le chenal de l’ouest. Comme prévu, on ne peut que deviner la présence des îles Manowin et du Corossol à cause d’un brouillard humide et épais. Cela ne nous empêche tout de même pas d’observer un couple de marsouins et un petit rorqual passant à quelques dizaines de mètres derrière le voilier. Une fois ce chenal laissé derrière nous, une houle résiduelle de l’est nous soulève régulièrement et un vent de moins de 5 nœuds aussi de l’est nous accompagne. Ce n’est certes pas suffisant pour hisser les voiles et nous continuons donc à moteur.

En milieu d’après-midi, météo Canada émet un bulletin spécial sur la radio VHF avertissant les marins qu’une ligne d’orages approche notre secteur et une veille de grains est émise pour toute la zone comprise entre Tadoussac et Pointe-de-Monts. Pas très réjouissant comme nouvelle. Nous qui rêvions d’une petite croisière tranquille… Pas le choix, on ne peut plus reculer.

Et c’est à 20 :40 heure, 20 minutes avant la levée de la veille de grains, que la ligne orageuse nous rejoint. Cela se présente d’abord comme une tache sur notre écran radar, située à environ 2 milles directement devant nous et se déplaçant à bonne vitesse en notre direction. Chantal, qui est de veille dans cet enveloppant brouillard, croit d’abord à un cargo et m’appelle. En apercevant la grande vitesse de déplacement et la forme changeante de l’écho radar, j’en déduis rapidement qu’il doit s’agir d’une zone de pluie intense et je modifie le cap de 45 degrés afin d’éviter la partie la plus dense de ce nuage. La stratégie paie et nous ne récoltons que quelques gouttes en frôlant la bordure extérieure du nuage. Au même moment, nous entendons notre premier coup de tonnerre. Lorsque j’agrandis l’échelle de mon lecteur de cartes auquel je superpose mon image radar, j’y aperçois nombres d’échos reflétant autant de cellules orageuses. La difficulté à les éviter réside dans le fait qu’elles ne se déplacent pas toutes à la même vitesse ni dans la même direction. La vitesse relativement lente d’un voilier, n’aide pas notre cause non plus. Alors, les yeux rivés à mon écran, les deux mains attachées à ma barre à roue, tel dans un jeu vidéo, je sens l’adrénaline monter. La poursuite a commencé. Poursuite dans laquelle, notre voilier est la souris et, les cellules orageuses, autant de chats affamés. Les éclairs se font maintenant plus nombreux et le ciel s’illumine pratiquement à chaque seconde. Je continue à zigzaguer entre les étroites brèches jusqu’à ce que tous ces nuages se retrouvent derrière nous. Cette fois, la souris a gagné. Elle a réussi à passer à travers les mailles du filet.





Mais le spectacle n’est pas terminé pour autant. Cependant, à partir de maintenant, je ne suis que simple spectateur et je suis assis aux premières loges. Pendant près de deux heures, je puis observer ce feu roulant d’activité électrique s’éloignant progressivement dans l’est. Au bout du compte, nous n’aurons reçu que quelques gouttes de pluie. Même pas assez pour dessaler notre pont.





La fatigue me gagne et je ne peux garder les yeux ouverts plus longtemps. À 1 :00 heure du matin, je vais réveiller Chantal pour qu’elle me relève. J’aurais aimé la laisser dormir mais je ne tiens plus debout. Elle viendra me réveiller 2 1/2 plus tard, lorsque nous ne serons plus qu’à quatre milles de l’entrée de la marina. Avez-vous idée du choc que subissent mes yeux à ma sortie sur le pont? Le guide nautique nous mettait en garde de l’approche nocturne difficile de cette marina pour les nouveaux arrivants. Et comment! Encore une fois, mon lecteur de cartes avec GPS intégré est venu à ma rescousse. Nous trouvons facilement le bassin de plaisance et y entrons à 4 :15 heure, choisissons un ponton libre et nous y amarrons. Je ferme mon plan de route avec ces messieurs de la garde-côte canadienne et vivement, dodo mon coco.


Robert


PS Pour ceux qui ne l’auraient pas remarqué, nous avons ajouté des photos aux textes intitulés 47 degrés 47’ N, 62 degrés 29’ W et Sur le chemin du retour. Les couchers et levers de soleil en mer sont tout simplement merveilleux.

PSS Je ne sais pas qui présume que nous sommes capables de deviner qui, parmi nos millions de lecteurs, aurait pu commenter un de nos textes en écrivant « Qu'as-tu mangé pour souper???? ;-) Point besoin de signer - tu sais c'est qui! » mais nous aimerions bien qu’il dévoile son identité. À tout le moins, pourrait-on avoir un indice additionnel?

4 commentaires:

  1. Ouf quelle nuit vous avez passé!Waaw que c'est beau c'est magnifique.Quels beaux souvenirs vous rapportez et ça restera graver dans vos mémoires à tout jamais.Quelle belle aventure à quand la suite.Parce que moi j'attend la suite.bisous à vous deux.

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  2. Je pense que vous auriez aimé savoir qui à écrit le commentaire précédent, j'ai oublié de signer alors c'est tante Didi Voilà Bebye

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  3. Toute une nuit que vous venez de passer.Je m'inquiète un peu de savoir que tu vas revenir seul,mais ça fait partie de la vie d'une mère,mère un jour,mère toujours,Est-ce que je pourrais savoir à quelle date Chantal va arriver?Vous avez pris de magnifiques photos.J'aie hâte de vous revoir.A bientôt gros bisous
    MIMI

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  4. Merci de partager tes états d'âme avec nous et de nous faire confiance.Oui tu as une plaie béante.La dernière année encore plus difficile que les autres mais cette aventure va t'aider et ce que tes yeux ont vu va venir mettre un beaume sur ta plaie.Ta douleur est énorme mais laisse le temps faire,tu verras les plus beaux moments de cette aventure plus tard vont venir caresser ton coeur.Je t'envoie plein d'amour tu n'es pas seul dans ta douleur. Je pense à toi très fort et si j'étais magicienne je ferais disparaitre cette douleur.Je t'accompagnerai dans le reste de ton aventure en te lisant tous les jours.Prend soin de toi.Allez capitaine ramène ton bâteau à bon port tu vas y arriver.Gros bisous BY By Ma tante Diane

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