À la voile...

À la voile...
Sur notre CS-22 au réservoir Taureau

jeudi 19 août 2010

Arrivés!!!

18 août 2010

Nous sommes finalement arrivés.

Nous faisions notre entrée à Berthierville à 17:45 heure précisément. Après presque 7 heures de moteur pour traverser le lac St-Pierre à partir de Trois-Rivières, il n'est pas trop tôt.

Je désire laisser le voilier au mouillage probablement jusqu'au mois d'octobre. Je suis prêt à accueillir qui que ce soit, avec ou sans expérience, seul ou en petit groupes pour des sorties à voile, avec ou sans repas. Un après-midi, une journée complète ou même plus, un jour de semaine ou la fin de semaine. Vous n'avez qu'à me contacter à robert.larocque@videotron.ca . Je meurre d,envie de partager ma passion avec mes amis...

J'ajouterai un nouveau message sous peu. Pour l'instant, j'ai hâté mon arrivée pour aller chercher G eneviève à l'aéroport aujourd'hui. Elle revient d'un séjour de 3 mois, sac au dos, en Europe et au Maroc. J'ai hâte de la serrer dans mes bras...

Robert

mardi 17 août 2010

Départ vers Trois-Rivières

17 août 2010

La météo n'ayant pas collaboré hier, j'ai été forcé de demeurer une journée à l'abri à Portneuf. Mise à jour de mes notes personnelles, visionnement de deux films, etc. Une petite journée bien relaxe.

Départ prévu pour 13:15 heure aujourd'hui, directio Trois-Rivières. J'aurais bien aimé appareiller plus tôt mais je dois absolument respecter les marées dans cette portion du fleuve. Heure prévue d'arrivée à Trois-Rivières, 21:00 heure. J'irai mouiller près de la plage St-Quentin.

Ciao,

Robert

lundi 16 août 2010

Moins 2 ou moins 3 pieds sous la quille...



15 août 2010


Je suis donc arrivé au Club Nautique de l’Île Bacchus, à St-Laurent Île d’Orléans, un peu après 22 :30 heure. 10 1/2 de longue navigation à moteur. Arrivé de noirceur, deux gaillards attrapent mes amarres. Un solitaire au port n’est jamais vraiment solitaire, à moins qu’il ne le souhaite. Dans le bassin peu avant d’accoster, par pur réflexe, je regarde le profondimètre et note mentalement le chiffre que j’y vois.

Pour revenir à ces des messieurs m’ayant accueilli sur le ponton, figurez-vous donc qu’ils avaient un petit verre dans le nez… Il fait beau, c’est samedi soir et c’est la fête sur les pontons. Faut pas les blâmer, ils devaient absolument boire quelque chose par cette chaleur… D’un sujet à l’autre, ils se retrouvent à l’intérieur du voilier pour une visite guidée. Nous discutons pendant plus d’une heure. Messieurs, je suis parti de Cap-à-l’Aigle à midi aujourd’hui. Je suis crevé, est-ce que je peux aller me coucher??? Vite au lit, il est presque minuit.

Ça fait pas 2 minutes que je me suis installé pour dormir que, je me rappelle soudain le chiffre de la profondeur juste avant l’accostage. 23 pieds que l’afficheur digital disait. Si j’y soustrais le marnage de la prochaine marée, ça me donne la profondeur restant dans le bassin à mer basse… Il faut qu’il reste au minimum 5’10’’, sinon ma quille accote au fond… Au fait c’est combien le marnage de la prochaine marée? Euh! Je sais pas! Mais, je n’ai pas envie de me lever qu’il me dit. Ouais mais, si ta quille se dépose sur un fond dur et que la marée continue de descendre… En plus, tu as la profondeur dans le bassin avant de t’amarrer mais quelle est celle au quai, sous ton voilier présentement? Euh! Deuxième je sais pas! Et Chantal qui ne serait pas contente si tu abîmais SON bateau. L’argument-matraque. Celui contre lequel toute parade est purement vaine. Bon, bon, je me lève, le jusant a débuté il y a environ, disons, environ 2 heures et le profondimètre indique 17.3 pieds. Sur une marée d’au plus 20 pieds, il devrait y en avoir le quart de descendu, c’est-à-dire 5 pieds. Il resterais donc encore 15 pieds à descendre ce qui fait… un modique 2.3 pieds. 3 1/2 de moins que mon tirant d’eau…Ai-je été trop généreux en estimant le marnage de 20 pieds? Je l’espère… Mais je sais aussi que nous sommes en périodes de grandes marées et l’amplitude de celle cette nuit est de 16’10’’, Si on y soustrait 1/4*16’10’’ = 12’7’ encore à descendre. Tout le monde me suit??? Pas grave, l’important c’est que ça veut dire qu’il resterait 4’5’’ à mer basse. C’est moins que mon tirant d’eau ça! Si c’est un fond de vase molle comme à peu près partout le long du fleuve, ce n’est pas grave mais, si c’est un fond de roches… À l’heure qu’il est, personne connaissant l’endroit n’est disponible. Je retourne me coucher en me disant que s’il se passe quelque chose d’anormal, mon sens marin me réveillera.

C’est ce qu’il fit à 5 :16 très exactement. Je ne sais pas quoi mais quelque chose ne tourne pas rond. J’enfile mon short, je sors sur les quais. À part qu’il est tout à fait immobile, mon voilier semble correct. Les amarres ne sont pas tendues à vouloir rompre, le voilier est toujours dans son assiette. Mais s’il ne bouge pas, est-ce que ça signifie qu’il est assis sur sa quille? Le profondimètre indique 5 pieds. Euh…la quille est au fond… Bon, il reste encore environ une demi-heure de jusant, ce qui veut dire peut-être 6 pouces à descendre. Comme pour confirmer ce constat, un craquement provenant des entrailles de Lady Marianne se fait entendre. Rien de sinistre mais, juste pour laisser savoir que ça force un peu. Incapable de me recoucher, j’arpente le ponton, vérifie l’assiette, la tension des amarres. À part de légers craquements de temps en temps, tout laisserait croire que la situation est normale, que je m’inquiète inutilement. Le minimum auquel le profondimètre est descendu est 4’5’’. La quille était indubitablement envasée. Et lorsque la marée remontera un léger bruit de succion se fera entendre, accompagné de quelques bulles apparues à la surface de l’eau brunâtre, lorsque la quille se libérera.

À l’heure prévue de l’appareillage, 7 :00, je largues les amarres et embraye le moteur tout doucement pour ne pas réveiller personne. Avant d’atteindre le brise-lame, un fort bruit de cloche digitale se fait entendre et on annonce dans les haut-parleurs : « Le Lady Marianne, revenez au ponton SVP. Lady Marianne, Lady Marianne. » Je fais signe que j’ai entendu mais, m’étant déjà engagé dans le chenal de sortie, je dois aller me retourner à l’extérieur du bassin et revenir sur mes pas. J’effectue la manœuvre et reviens m’accoster. J’ai tenté de fuir comme un voleur mais je me suis fait prendre. Sincèrement, je ne croyais pas que quelqu’un serait à la capitainerie à cette heure. Le gentil petit monsieur me dit qu’il est à son poste à partir de 6 :30 heure tous les matins et que ça me coûte la modique somme de $58 pour la nuit, simplement pour avoir attaché 3 amarres à des taquets pour environ 8 heures. Je tente d’expliquer mon arrivée tardive, mon départ hâtif pour rejoindre Portneuf tout en étant totalement dépendant de l’horaire des marées. On parle bateau, il passe ma carte Visa dans la machine et je me sens soudainement plus léger de $58. Deuxième appareillage à 7 :20 heure.





Derrière la pointe de Lévis à 8 :15 heure, la majestueuse Québec, trônant sur son Cap Diamant, m’est apparue. Jamais je ne me lasserai de ce point de vue unique. Ah! Québec! Québec la belle au charme irrésistible. On se reverra une prochaine fois car aujourd’hui, je dois passer mon tour. J’ai plutôt mis le cap sur Portneuf. Non pas que je la préfère à toi, loin de moi ce sentiment. Mais comprends-moi, je dois retrouver ma douce, elle m’attend à quelques trois jours de toi. Nous reviendrons ensemble pendre de longues marches sur tes trottoirs, sentir les odeurs de ton marché et admirer ta simple beauté. Vous ai-je déjà dit que j’aime Québec???

Finalement, je rallierai Portneuf à 12 :30 heures après une petite navigation sans histoires à moteur. Plus que 2 journées de navigation pour rejoindre Berhierville… Toutefois, je crains de devoir passer 2 nuits à Portneuf car la météo n’annonce rien de bon pour un marin solitaire. Orages accompagnés de rafales à 50 noeuds, veille de grain, non vraiment, rien de bon…

Robert

La journée des retours

14 août 2010

Me voici maintenant réellement de retour de voyage. Je le sens, je le ressens. Les odeurs changent. Fini l’air frais et salin embaumant le goémon. Ça se voit. Les mammifères marins ont tous disparus, eux qui nous ont accompagnés tout au long de ce voyage. La couleur de l’eau change. La texture même de l’eau change graduellement. Ça s’entend aussi. Les sons ne sont plus les mêmes. Plus de cris discordants de goélands représentant si éloquemment la mer. Allez messieurs, suivez-moi en amont. Vous ne manquerez de rien, je vous le promets. Il y aura pleins de McDo pour vous...

Le Lady Marianne fait son retour en eau douce. Partis de Cap-à-l’Aigle à midi tapant, environ une heure avant la mer basse, nous devrons lutter contre le courant du jusant jusqu’au Cap-aux-Oies avant que le flot nous ramasse et nous entraîne finalement vers l’amont. Afin de minimiser notre lutte contre le jusant atteignant plus de 4 nœuds, je longe la côte à quelques centaines de mètres dans un peu plus de 50 mètres d’eau. Charlevoix de si près est spectaculaire.

Environ une heure après l’appareillage, le vent aussi est de retour. Éole a finalement terminé sa longue sieste. Et il est en grande forme. Bien reposé, il teste ses poumons. D’abord, 10 petits nœuds du sud-ouest. Dans le nez, bien entendu. 15 nœuds, toujours de la même direction. On appuie sur le diaphragme et on pousse un peu plus fort : 16, 18, 20, 22 nœuds bien soutenus, jusqu’au-delà de 25 dans les rafales. Je me demande de quoi la mer aura l’air près de Petite-Rivière St-François. Un bon vent du suroît contre un courant de flot pouvant atteindre 5 à 6 nœuds, il y a de quoi faire exploser la marmite. Par chance que ce vent ne fait que débuter…

Avec le vent, on assiste évidemment au retour des vagues. Elles qui étaient disparues de notre paysage marin depuis plusieurs jours déjà. Rien de bien méchant cependant malgré tout. Des moutons se forment bientôt et l’étrave cogne de temps en temps dans la vague courte et hachée mais rien pour écrire à sa mère. Les plus grosses demeurent encore celles générées par le passage des cargos au large.

Et que vois-je au loin vers l’ouest. Disparition du ciel bleu foncé, il se teinte légèrement mais inexorablement d’un léger voile. Tout au cours de la journée, ce dernier s’épaissira et fera place à un ciel totalement couvert peu après le coucher du soleil. Retour des nuages qui avaient déserté leur terrain de jeu depuis plusieurs jours. Ça sent la pluie. Pas immédiatement, mais demain assurément. L’approche d’une dépression après plusieurs jours sous l’influence d’un anticyclone, un classique bien connu.

Avec l’approche de cette dépression, je sens l’influence des vents chauds. C’est le grand retour de la chaleur. Malgré la force relative du vent, c’est aussi le retour du port des shorts et du T-shirt en navigation pour toute la durée de la journée. Même en soirée, je garderai mes shorts. Je n’aurai qu’à passer un chandail à manches longues pour être tout à fait confortable. Y pensez-vous? Ça fait plus d’un mois que je navigue avec bas, combinaisons, pantalons longs, chandails, polar et quelquefois même, avec tuque et gants. Le contraste est hallucinant.

Une fois arrivés à l’Isle-aux-Coudres, nous prenons la décision de prendre la Traverse du Milieu afin de contourner le clapot de la Petite-Rivière St-François. Nous passerons donc au sud de l’île. Cela me laisse aussi l’alternative non négligeable de pouvoir rentrer à St-Jean-Port-Joli si la mer se gâte. Le courant de flot forcit. C’est le retour des vitesses sur le fond au-delà des 9 noeuds. Une fois la grande batture de l’Isle-aux-Coudres dépassée, je me dirige à nouveau vers le Chenal du Nord afin de profiter du courant au maximum. La mer ne s’est pas détériorée, je fonce donc littéralement sur l’Île d’Orléans à plus de 9 nœuds.

Une fois l’étroit Chenal du Nord atteint, c’est le retour d’un sport que je n’ai pas pratiqué depuis belle lurette; le slalom entre les bouées vertes et rouges. Un slalom au ralenti certes, mais dans ces environs, si vous manquez une porte, c’est l’échouage assuré. Pour ajouter un peu de piquant, comme c’est le chenal qu’emprunte toute la navigation commerciale sur le fleuve, la veille doit être constante, sur le devant comme sur l’arrière.

Déjà, depuis quelques heures, c’est aussi le retour de la navigation avec visibilité complète des deux rives du fleuve. La rive nord avec les majestueux paysages sauvages de Charlevoix, les caps recouverts de forêts vierges plongeant leurs pieds dans l’eau noire et froide. Et la rive sud, légèrement ondulée, occupée principalement par les champs de culture et pâturages que la présence humaine y a façonnés.

Je dois recommencer à tenir compte de la table des marées et l’atlas des courants. Ignorez ces deux ouvrages et il est plus que probable que vous devrez regagner Montréal en autobus plutôt qu’en voilier!!!

Sur la route du retour, les marinas se font plus chères. Moins rustiques, mieux aménagées et décorées mais offrant les mêmes services pour peu que vous vous contentiez de la base. Elles sont souvent surpeuplées avec un espace restreint pour manœuvrer. De quoi me faciliter la vie en solitaire. J’espère que l’expérience pourra compenser…

Avec le coucher du soleil derrière le Cap Tourmente, c’est le retour à la navigation de nuit. Qui ne va pas sans peine ou plutôt sans peur, croyez-moi… Dans le chenal des Grands Voiliers, entre l’île d’Orléans et la rive sud, j’y ai fait la rencontre d’un titan d’acier aperçu à la dernière seconde… J’étais bien éveillé à assurer la vigie tout en m’assurant d’être bien alignés sur les deux feux blancs au bout de le pointe très loin devant nous. Ça fait environ une demi-heure que je les vois. Tout à coup, il me semble qu’il monte vers le haut et une énorme masse sombre surgit sur le fond du ciel éclairé par la ville de Québec au loin. Sans perdre une seconde, j’appuie sur le bouton STANDBY du pilote automatique, je l’engage au neutre et je donne un coup de barre sur tribord. Il n’y avait pas de risque immédiat d’abordage mais la vague du monstre m’aurait certainement malmené. Dorénavant, je resterai sagement en dehors du chenal commercial lorsque ce sera possible. La lutte est trop inégale dans ma coquille de fibre de verre.

Avec le retour de la chaleur, je dois me déshabiller complètement pour dormir. Fini le long pour me coucher. Ne vous excitez pas mesdames, j’ai déjà une promise…

Dernièrement, je voulais vous dire que j’ai finalement semé l’espion! Je l’ai vu pour la dernière fois aux environs de Cap-aux-Oies, quelque peu en aval de l’Isle-aux-Coudres. Il a hésité longuement avant de finalement refuser de pénétrer en eau douce. Je me demande bien comment il fera parvenir son rapport. Tu les prends où tes vacances Jacques???

Robert

vendredi 13 août 2010

Une journée au royaume des baleines




13 août 2010


Wow! Tout une journée! Je suis encore sous le choc...

Je me suis jeté dans la marmite en quittant Grandes-Bergeronnes à 8:15 heure ce matin. Et cela s'est poursuivi tout au long de la journée. Laissez-moi vous raconter.

En préparant ma route hier soir, je réalise que les marées ne favoriseront pas ma progression vers Cap-à-l'Aigle, destination prévue pour aujourd'hui. Premièrement, à cause du chenal trop peu profond aux Grandes-Bergeronnes, je ne peux quitter à marée complètement basse, ce qui favoriserait ma route puisque la marée m'emporterait vers l'amont. Je dois quitter au plus tard deux heures avant la basse mer ou au minimum, deux heures après. Si je quitte deux heures après, je devrai partir vers 13:00 heure, ce qui me mettrais à Cap-à-l'Aigle beaucoup trop tard à mon goût. Toutefois, si je quitte 2 heures avant, soit vers 9:00 heure, je devrai me battre longtemps contre un très fort courant de marée, pouvant atteindre jusqu'à 6 noeuds, contournant la batture aux Alouettes, distante de seulement une dizaine de milles. J'opte néanmoins pour la deuxième option, en me disant que je prendrai simplement mon temps en observant les baleines si je suis un peu chanceux.

Donc, après une assez mauvaise nuit à cause d'une brise de terre nocturne faisant valser les voiliers amarrés aux pontons et claquer les drisses mal assujetties, je me lève vers 7:30 et démarre l'engin à 8:15 heure. Je suis 45 minutes à l'avance sur l'heure prévue mais tant mieux, ça ne fait qu'un peu plus d'eau dans le chenal conduisant vers le large. Les énormes rochers aperçus de chaque côté de ce chenal à marée basse hier soir n'ont rien de bien rassurant. J'ai autant m'y être engagé tôt que tard.



Dès la dernière bouée verte du chenal contournée, j'entends plusieurs souffles de baleines. La visibilté étant exceptionnelle en ce beau matin un peu frais, les légers nuages de condensation ne sont pas difficile à localiser. Par chance, je me dirige justement vers un. Il s'agit de deux petits rorquals. Vite, l'appareil photo que j'immortalise ce moment. J'enclenche le moteur de l'appareil et je prends plusieurs rafales quand tout à coup, je réalise que l'une d'elles sort sa queue et me salue. C'est ma première queue de baleine à vie. Et mon Canon n'a rien manqué du spectacle.





Je n'en ai pas encore terminé avec ces deux compères qu'un souffle plus puissant, sur l'autre côté du voilier, me tire de mon ébahissement. Il s'agit cette fois d'une baleine à bosse beaucoup plus grosse et qui s'approchera suffisament du bateau pour emplir le champ de ma caméra. Je l'ai même entendue à deux reprises, de sa voix d'outre-tombe, me souhaiter bon matin.





Je ne suis plus seul sur l'eau maintenant. Plusieurs croisiéristes, à bord de leur zodiacs, s'amènent à vive allure. J'en vois probablement une dizaine qui se dispersent le long du littoral entre Grandes-Bergeronnes et Tadoussac. Avec une vingtaine de personnes par embarcation, deux à trois heures par groupe, c'est une vraie petite mine d'or, une machine à imprimer de l'argent.





Je continue mon chemin vers l'amer le plus remarquable du majestueux Saguenay, la toupie. Il s'agit d'un phare, munie d'une corne de brume, bien assis sur le haut-fond Prince situé juste à l'embouchure de la grande rivière. Mais il est encore tôt. Même si j'ai mis le moteur au neutre tandis que j'observais les gros mammifères marins, la renverse du courant n'aura lieu que dans 3 heures. Qu'à cela ne tienne! Même si ma progression sera évidemment retardée, le chemin parcouru avant cette renverse sera au moins derrière moi.


Oh la la que mon voilier a peiné! J'ai dû augmenter les révolutions du moteur pour ne pas être jeté sur la batture. Pendant plus d'une heure, ma vitesse sur le fond jouait autour de 1 noeud et parfois moins. Les remous causés par la marée se retirant et se mélangeant au puissant courant du Saguenay rendait mon autopilote totalement dingue. Pendant près d'une heure, il a fallu que je prenne la barre afin de me maintenir suffisamment loin de la bouée rouge marquant la pointe sud-ouest de la batture aux Alouettes. Et graduellement, pendant plus de deux heures, le jusant a diminué, et ma propre vitesse avec lui a augmenté, jusqu'à ce que finalementà le flot me rattrape.


C'est durant cette période de presqu'immobilité que mes premiers bélougas sont apparus. Par petits groupes, j'en ai croisés des dizaines tout au cours de la journée. Les derniers sont venus me saluer moins d'un mille avant de rentrer au port de Cap-à-l'Aigle vers 17:30 heure. Il y en a même un qui, à un certain moment, a quitté son groupe pour s'approcher tout près du voilier, a frôlé le safran et pour s'éloigner ensuite. J'ai bien tenté de le photographier sous moins d'un mètre d'eau verte mais le résultat était lamentable.






J'ai aussi vu quelques groupes de marsouins mais ils étaient nettement moins nombreux que sur la rive sud un peu plus en aval. Encore une fois, j'ai aussi reconnu l'espion que Jacques a envoyé. Il m'a même suivi jusqu'à l'entrée du port, à quelques pieds du ponton de service. Je l'ai encore aperçu ce soir, en revenant de ma douche... Peine perdue mon coco, lorsque j'entrerai en eau douce d'ici peu, tu devras m'abandonner...

Ainsi donc se termine ma journée du 13 août 2010, au cours de laquelle j'aurai entendu claquer mon moteur 3,600,000 fois!


Robert


jeudi 12 août 2010

Prose libre

Voici un deuxième exercice de prose, qui je l’espère, sera mieux accueilli que son prédécesseur. Ne tentez pas de lire entre les lignes ce que je ressens, mais lisez-y plutôt ce que vous attendez de votre propre vie…



Mon voilier flotte au-dessus d’un nuage aqueux, sur lequel aucune ride n’apparaît.

L’horizon imperceptible se profile devant l’étrave dans un très léger bruissement.

Le mariage parfait de toute cette eau, de tout cet air semble conduire directement dans une autre dimension.

Dimension vers laquelle je me dirige inconditionnellement avec la fougue et la ferveur d’un jeune débutant.

J’atteindrai cette nouvelle dimension afin d’y visiter un royaume caché minuscule.

Un royaume où les oiseaux chantent, où les fleurs rayonnent, où la nature festoit.

Un royaume où notre chaleureuse demeure nous accueillera toi et moi.

Ce royaume que Tom Bombadil entretient existe vraiment.

Il faut juste fermer les yeux quelques instants, y croire fermement, pour y pénétrer inexorablement.




Robert

Et Grandes-Bergeronnes maintenant...




12 août 2010

Les énormes billots flottant et les champs de fucus dérivant avec les courants de marée, les marsouins, les petits rorquals, les cormorans, les petits pingouins ainsi que les insipides goélands ont été mes compagnons au cours des deux derniers jours. L’absence totale de vent lors de cette deuxième étape m’a contraint à faire route exclusivement au moteur. Ceci est cependant préférable à des vents de trente nœuds dans le nez avec un brouillard humide et impénétrable. Le temps est relativement frais mais la visibilité exceptionnelle des derniers jours me donne un tout autre point de vue de cette Côte-Nord souvent visitée par la route. Une beauté sauvage à couper le souffle.

Me voici donc arrivé aux Grandes-Bergeronnes, paradis incontesté, avec Tadoussac sa voisine, des croisières aux baleines. Je ne devrais y passer qu’une seule nuit car demain, je fais route vers Cap-à-l’Aigle. Malgré le fait que mon avance doive se faire à moteur, il me faut en profiter au maximum pendant que Dame Nature reprend ses forces, elle qui a soufflé fort dernièrement.


Robert